Grand Funk Railroad: Grand Funk (1970)
"I don't see any groups making it the way bands of the past made it. I don't see the big careers being created. I don't see huge followings behind a particular artist. Not for very long. It comes and goes pretty quick. It's like a piece of candy. The public consumes the piece of candy and then they're ready to move on. It's not like when we grew up. We grew up in the era when you followed bands. You looked at all the liner notes. You read who the engineer was and where it was recorded. Nobody does that anymore. I've never seen my daughter look at a CD cover and go through it and find out who played that. Nobody cares. I don't see careers being created with bands. Once again, it's just a consumer product. It's consumed and they're ready to move on..." (Mark Farner) Where: Recorded at Cleveland Recording Company Studios When: January 1970 Who: Mark Farner (guitar, piano, harmonica, lead vocals), Mel Schacher (bass), Don Brewer (drums, vocals) What: 1. Got This Thing On The Move 2. Please Don't Worry 3. High Falootin' Woman 4. Mr. Limousine Driver 5. In Need 6. Winter And My Soul 7. Paranoid 8. Inside Looking OutHow: Produced by Terry Knight Up: riff en échardes de barbelés sur drums bousculés et grosse basse baveuse et indolente, Brewer et Schacher à la fête pour tout l'album, cri de ralliement de Farner en voix soul haut perchée seventies à souhait, classique instantané du rock ricain seventies, on clôt le tour de riff sur un petit turnaround bluesy en son clair et c'est reparti pour un tour de basse pataude sur drums décalés savants et égosillements californiens de Farner, un break et Schacher qui enfile seul un riff arachnéen, attention aux tendinites, Brewer s'intercale et emboîte le pas en culbute de fûts, ça swingue comme du Bonham-McKagan, Farner en manque laisse tomber sa gratte et enquille sur ses histoires de dope, attrape finalement sa six-cordes pour une grimpée bourrine vers les aigus en chromatismes méchants, à la sortie du tunnel un riff hypnotique encore embourbé dans les sixties à basse de punch de basse et dégringolade vers l'octave, ambiance passage psyché, Brewer concasse, Farner en solo sinueux malingre et effilé, c'est Brewer qui bat le rappel à la caisse claire, quatre coups pour retomber sur le killer-riff, remballez, jamais ils feront mieux les gars ["Got This Thing On The Move"]... presqu'un fondu sonore enchaîné, swing bondissant fortement jazzy cette fois et Brewer qui malaxe ses toms dégringolants, Schacher s'extrait du riff, se fait la belle avec force ronronnements, fait le gros dos sur le riff, Farner attaque haut, voix pêchue et volontaire, quelle inventivité dans la rythmique, Schacher ancien-guitariste ça s'entend, un refrain un peu plus serein, caressant, la basse qui lâche de la purée dans les virages, déjà Farner qui se fait la malle en solo bluesy pulpé sur le matraquage de Brewer et le bavardage de Schacher, la gratte qui rabote derrière en minimum syndical, on retombe sur le riff, un concerto de fûts dans le fond ["Please Don't Worry"]...gratte râpée et accords qui jouent aux méchants, basse bien plaquée dessus, on glisse vers un boogie ralenti, Farner à la guitare rouillée, Brewer aux drums zeppelinesques et Schacher en commère de la quatre-cordes, des sorties de route bluesy et une voix de fond de gosier, ça tourne gentiment, Farner s'investit à fond dans les vocals, la basse tient pas en place et gambade, Farner gueule un peu plus fort sur l'entrée du piano honky-tonk, des bouts de blues semés ici et là, Schacher se fait plaisir, Farner part pour un solo final sur des drums inspirés, une affaire rondement menée ["High Falootin' Woman"]... accords lâches prétexte à remplissage de roulements courroucés, stop, on fait place à un beau riff syncopé, entrée de la basse constrictor qui se love autour du riff, l'entoure comme un boa, menace de l'étouffer, Farner plein poumons et cordes vocales des hauteurs sur un beau beat, la basse qui ronchonne en syncopé rare, le rythme plus beau que la compo peut-être, des licks bluesy of course, un refrain pédestre avec grosse batterie, puis solo éraillé, plein de grumeaux sur une rythmique en or, n'importe quelles notes ça passe en fait, on fait tourner la rythmique sans chant en fin de solo, toutes ces subtilités de Brewer, du petit riffage spontané de Farner avant son solo final sur quelques notes, Brewer se déchaîne mais reste toujours à l'arrière, magie du trio non reproductible malgré les apparences ["Mr. Limousine Driver"]...oh le riff dansant jazzy avec syncopage de grosse basse et drums décalés splendides, la plus belle compo de Farner si ça se trouve, les charleys en soupirs, le rythme bien installé, Farner tonne dans les aigus, Schacher part faire son tour et déjà un break pour un pont plutôt tragique, avec basse qui palpite et concassage de drums, retour sur riff et Schacher qui n'en finit pas de gronder, ce beat de drums une symphonie, la voix black de Farner, on s'arrête sur un riff de basse en accroches étouffées, Brewer charge à la suite et c'est parti pour le solo d'harmonica, Mel et Don décarrent pas de leur beat, Farner balance des louches de sa grosse gratte par-dessus, le riff devient dangereusement circulaire, Brewer décélère aux drums, et un nouveau riff de basse colossale, grondante, la guitare qui wah-wahte vaguement, Farner repart au chant, des bouts de wah-wah qui fusent, le solo crépitant plein de larsen, ça gueule en studio derrière pour l'ambiance, un peu du Angus au ralenti en fait, on revient sans prévenir sur le riff, la basse nous emmène vers le pont, mais on reste en mode pilonnage à deux notes, beau break de solo, Brewer se fait pas oublier, on laisse Farner faire son "Heartbreaker" à la Jimmy à fond la caisse en gratte de ronces, ça gueule encore derrière, des pains de basse monstrueux pour l'encourager et relancer la machine, un solo laid, crade, spontané, essentiel en somme ["In Need"]... riff sitar plein de notes pulpées, basse en notes vibrantes et drums respectueux, Mel et Don osent pas s'insérer, se décident, libèrent une envolée mélodique sur un riff un peu raga, du Bloomfield caché derrière, Farner calque son chant post-psyché dessus, la basse et les drums entrent, balancent deux trois plans et ressortent illico, ambiance vaguement indienne, la basse qui repart en trois notes hypnotiques façon East-West sans le sou, on dégringole le manche allègrement, surprise magnifique un solo jazzy sur les drums carcolants de Brewer, du jazz tout court pour un peu, beau feeling et Brewer en forme, Shacher boude et radote dans un mauvais trip, Farner reprend le micro mâle, la basse lâche des pains, un break à partir d'un riff lancé par Farner qui double les guitares et libère Brewer et Schacher, une fin en brouillon dionysiaque standard ["Winter And My Soul"]...changement de station radios, on trouve pas, puis un gros riff en dégueulis de wah-wah pré-électronique de gratte ortie, basse bedaine et drums virevoltants, le feedback et le larsen à peine tenus à distance, les Stones se souviendront du riff pour leur "Hearbreaker" à eux, un break en cymbales, son clair et petits arpèges sympa de Farner avec Schacher qui papote et pond un riff funky en allers-retours aigu/grave, splendeur de la guitare parfaitement inutile de Farner qui repart en croisade, larynx testostéroné en avant et voix afro-bluesy, un pont en accords lumineux jazzy mais une grosse basse rampante se colle dessus et déclenche le solo d'aigus étriqués de Farner, un pont, solo mitraillette seventies en giclées douloureuses, un autre break en riff de basse cette fois, tout pourri et génial, Brewer ne déçoit pas, de l'aigu en veux-tu-en-voilà à la gratte, un break de drums jouissif et, récompense, superbes choeurs soul de Farner et Brewer avec montée de basse vaguement mélancolique sur gratte grattée limite, c'est lourd, sans aucune classe, un retour sur le branlottage de Farner, on fait durer la fin, cris de bébés pour la critique rock ["Paranoid"]... les charleys seuls puis la voix et les coups de basse, héritage blues consommé, basse et batterie chauffent, débordent, bouillent, s'énervent, le beat éclate, mou et lourd comme d'hab avec Farner qui crie comme un Plant sans poitrine, ça gueule derrière en tout cas, le riff s'installe bon an mal an, c'est Farner qui sauve le tout avec son chant seul et les pains de basse, puis part en solo sur une note unique de basse, Schacher fait dans l'épure et Brewer distribue une frappe sèche envoûtante, Farner choisit de commencer son solo en feeling sur quelques notes qui manquent trébucher, ont envie de dégazer, un peu de riffage claquant hachuré, Farner s'accroche, les notes boueuses à souhait, Schacher lâche ses bombes de basse foireuses et boom enfin un beat boogie balourd, crasse et lent, pourrave, qui redynamite le tout, ils font tourner à vide les enfoirés, les roulements sont une splendeur, tiens un harmonica pourquoi pas, les compteurs tournent, la complaisance hardos mais quelle rythmique ["Inside Looking Out"]... Down: pas un groupe maudit non plus mais que de choses à (re)découvrir chez le trio troglodyte...