David Bowie: The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars (1972)

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"...Upstairs in the studio we did the Clockwork Orange look-a-likes that became the inner sleeve. The idea was to hit a look somewhere between the Malcolm McDowell thing with the one mascaraed eyelash and insects. It was the era of Wild Boys by William S. Burroughs. That was a really heavy book that had come out in about 1970, and it was a cross between that and Clockwork Orange that really started to put together the shape and the look of what Ziggy and the Spiders were going to become. They were both powerful pieces of work, especially the marauding boy gangs of Burrough's Wild Boys with their Bowie knives. I got straight on to that. I read everything into everything. Everything had to be infinitely symbolic..." (David Bowie)

Where: Recorded at Trident Studios, 17 St Anne's Court, Wardour Street, Soho, London, UK

When: June 1972

Who: David Bowie (guitar, saxophones, keyboards & vocals), Mick Ronson (keyboards, guitar, piano & vocals), Trevor Bolder (bass), Mick "Woody" Woodmansey (drums), Dana Gillespie (background vocals)

What: 1. Five Years 2. Soul Love 3. Moonage Daydream 4. Starman 5. It Ain't Easy 6. Lady Stardust 7. Star 8. Hang On To Yourself 9. Ziggy Stardust 10. Suffragette City 11. Rock 'n' Roll Suicide

How: Produced by Ken Scott

Up: au loin, une grosse caisse doublement kickée, deux frappes de caisse claire en écho, Bowie, en majesté, écarte un rideau d'accord pluvieux et fait une entrée tragique ("Pushing thru the market square / So many mothers sighing / News had just come over / We had five years left to cry in"), gravit subtilement des paliers d'intensité paranoïaque, la basse cimente en chromatismes hiératiques, un piano et une douze-cordes derrière, David, tout en hystérie stupéfaite, glisse vers une quiétude résignée ("I never thought I'd need so many people") et invite les violons, les accords, implacables, se succèdent gravement, les cordes commencent à tournoyer, Bowie pèse chaque mot, joue de leur sonorité ("I think I saw you in an ice-cream parlour / Drinking milk shakes cold and long"), le son augmente et l'explosion libératoire des chœurs, commentés par Bowie en délire eschatologique ("We've got five years / Stuck on my eyes"), une montée céleste porté à bout de génie par une crevette glam londonienne, l'accompagnement se fait bruitiste, les cordes s'altèrent, se crashent sur un aigu, retour au beat originel qui disparaît dans la brume ["Five Years"]... beat sympatoche un peu fifties, la gratte acoustique, toute simple, en soutien, un feeling calypso avec maracas sur une basse syncopée et backing vocals parodiques glamissimes, un chant velouté ("Stone love - she kneels before the grave / A brave son - who gave his life / To save the slogans / That hovers between the headstone and her eyes / For they penetrate her grieving"), un peu de saxo par touches, et, déjà, le pont fracassant avec l'entrée de la méchante Gibson de Ronson sur des chœurs en pâmoison outrée, une riche succession d'accords, Bowie retombe en souplesse sur ses pattes pour un solo de sax, voix féline aux aigus glam, la Gibson, grave, consciente de sa force, reprend seulement la mélodie, Bowie chantonne pour l'exit ["Soul Love"]... un accord violent en aller-retour, Bowie, impérial saurien à la suite de Jim, prend les rênes ("I'm an alligator, I'm a mama-papa coming for you / I'm the space invader, I'll be a rock 'n' rollin' bitch for you"), touches surannées encore calypso, un chant étranglé en aigus puissants, une basse rugueuse, une montée avec piano, chœurs pour un refrain fort sur pied de grosse caisse impatient dégringolants en roulements infinis ("Freak out in a moonage daydream oh yeah!"), Ronson s'insère en glissando, balance des accords en survoltage contenus avec classe, marque les accords d'une simple note en corde basse, un premier solo sur accompagnement saxo et claviers, une note enfin épanouie libère les cordes qui fondent sur la mélodie en descentes impérieuses, David fait tourner un peu son groove pailleté, Mick s'envole pour un solo aérien en Gibson stellaire sustainée, Bowie, en coulisses, glose ("Freak out"), les cordes font leur retour sur une première fin irritée du solo, coda en vrilles finales ["Moonage Daydream"]... petit riff acoustique, chœurs névrosés post-modernes, batterie qui s'insère efficacement et installe la basse rocailleuse au médiator, David trouve un gimmick en fin de phrases ("Didn't know what time it was / The lights were low, I leaned back on my radio-o-o") ponctués de roulements, une pause puis le refrain dans les étoiles avec backing vocals et cordes séraphiques ("There's a starman waiting in the sky / He'd like to come and meet us / But he thinks he'd blow our minds"), Ronson sort sa Gibson écorchée pour un improbable boogie ralenti, Bowie se réfugie dans de chaudes sonorités vocales, Woody révise ses roulements sur des violons romantiques, coda étirée sur des "la la la la" de banquet et des petites phrases électriques de Mick l'autiste ["Starman"]... pompe acoustique simplissime, un punch de basse sur un coup de grosse caisse, David commence très haut, gouailleur comme une vieille clocharde de Soho, sur l'unique reprise de l'album et délivre vite fait bien fait un refrain criard en chœurs puissants exceptionnellement féminisés avec Dana Gillespie, la Gibson en renfort, Bowie hâbleur cockney strassé ("Satisfaction, satisfaction / Keep me satisfied / I've got the love of a Hoochie Coochie woman / She calling from inside"), basse cabri et fin country en phrases doublées à la Gibson ["It Ain't Easy"]... intro piano cabaret funèbre et sublime, Bowie en diva sur-puissante conduit l'affaire aux touches ("People stared at the makeup on his face / Laughed at his long black hair, his animal grace / The boy in the bright blue jeans / Jumped up on the stage"), Trevor et Woody plus une douze-cordes en fond discret, hommage à Bolan et clins d'œil au Velvet, chœurs démultipliés sur piano poignant en notes mineures et envolées azurées de fin de strophes ("Ooh they was alright, the band was all together / Yes he was alright, and the song went on forever / He was awful nice / Really quite paradise"), la classe en paillettes ["Lady"]... rock glam massif à toute blinde, Woody rosse sa grosse caisse, Mick grogne, Bowie se délecte en backing vocals défaillants sur la bastonnade de ses potes, piano de bastringue à un doigt épileptique bien sûr, les backing-david basculent dans des "sha-ya-ya" post-fifties sur une walking bass immanquable, un pont qui se durcit et Bowie fait le dialogue tout seul avec ses propres chœurs irrésistibles, la puissance hard en pantalon moulant, on finit sur des arpèges mélancoliques décélérés, des "bam" qui éclatent à l'unisson, un riff rauque de Ronson, un "just watch me now" comminatoire de David placé in extremis ["Star"]... one-two-three-four, et un autre rock, Ronson riffe et ronronne à loisir, on finit les strophes sur une ronde sonore vertigineuse, Trevor raconte sa vie, chœurs haletants et tapes dans les mains, David excité comme jamais sur ses platform-boots ("So come on, come on / We've really got a good thing going / Well come on, well come on / If you think we're gonna make it / You better hang on to yourself"), Mick ponctue à la Les Paul sanglante en Chuck Berry de strass, le solo démarre en retard sur une échappée de basse, se lance à sa poursuite, renonce, retente le coup un peu plus tard, reste sur la même phrase, la meute de choeurs derrière, une suée ["Hang On To Yourself"]... le riff immortel : un accord et une dégringolade d'arpèges, Trevor et Woody en smoking, Ronson communique par larsen et harmoniques, Bowie descend parmi nous ("Ziggy played guitar, jammin' good with Weird and Gilly / The Spiders from Mars / He played it left hand / But made it too far / Became the special man / Then we were Ziggy's band"), une fausse bio douloureuse, Ronson fait des interventions classieuses, un break haché, comme une fin de "Stairway To Heaven" ("So where were the spiders while the fly tried to break our balls / Just a beer light to guide us / So we bitched about his fans and should we crush his sweet hands?"), David retrouve son gosier de volaille, ses souffrances cachées sous le lourd maquillage d'un Legendary Stardust Cowboy, une fin sur un accord terrible : "Ziggy played guitar" ["Ziggy"]... Gibson en silex avec du Chuck dedans, encore un rock dur avec œillade à Lou, un peu de sax, Bowie fait la conversation tout seul, discute avec ses propres chœurs, les brasse avec gourmandise ("Hey man, ah leave me alone you know / Hey man, well Henry, get off the phone, I gotta / Hey man, I gotta straighten my face / This mellow black chick just put my spine out of place"), Woody s'affaire à pulser, Trevor lime son médiator, un piano littlerichardien, on stoppe sur la grosse guitare de Ronson, ça tabasse, Mick part en solo déjanté, à l'aise, court, juste ce qu'il faut, fausse fin "Wham, bam, thank you ma'am!", ça repart, une déculottée aux hard-rockers, un mur de son construit avec ses petites mains par une diva de Soho ["Suffragette City"]... balade acoustique finale, la détresse de Bowie prisonnier pour un titre définitif, fortement inspiré de Jacques Brel, plus lucide que Townshend ("Time takes a cigarette, puts it in your mouth / You pull on your finger, then another finger, then your cigarette / The wall-to-wall is calling, it lingers, then you forget / Ohhh how how how, you're a rock 'n' roll suicide"), entrée d'arpèges fifties chaloupées en trémolo, Bowie retrouve sa voix la plus grave, quelle émotion, basse-batterie-sax ou les fifties comme paradis perdu, David s'envole imperceptiblement vers des aigus rageurs et explose ("Oh no love! you're not alone / You're watching yourself but you're too unfair / You got your head all tangled up / But if I could only make you care"), les cordes convoquées, une autre sommation, une explosion symphonique finale, backing vocals et Gibson, Ziggy est descendu en terre ["Rock n' Roll Suicide"]...

Down: Le génie de Bowie est souvent réduit, pour le grand public, à ce seul chef-d'œuvre, pourtant surpassé maintes fois par la suite...