Dead Kennedys: Fresh Fruit For Rotting Vegetables (1980)
"I always gravitated towards the hard stuff, "Born To Be Wild", then Black Sabbath. I went through a big Alice Cooper phase, which was probably a major influence on my writing style later, especially after Plastic Surgery Disasters. Then, when I was 15, I discovered the used record store. [...] I got into [The MC 5] and Iggy and The Stooges. I was one of about three people in my high school who liked that stuff, but for some of us, good taste is timeless. Plus, this used record store would throw anything they didn't think they could sell quickly into the free box. I cleaned out the free box every single day for three years. I got the 13th Floor Elevator, Nazz, Seeds - all the '60s stuff. I took it all home...." (Jello Biafra) Where: Recorded at Möbius Music StudiosWhen: 1980Who: Jello Biafra (lead vocals), East Bay Ray (guitar), Klaus Flouride (bass), Ted (drums), 6025 (guitar), Paul Roessler (keyboards), Ninotchka (keyboards, backing vocals), Dirk Dirksen (backing vocals), Bobby Unrest (backing vocals), Michael Synder (backing vocals), Bruce Calderwood aka Bruce Loose (backing vocals), Barbara Hellbent (backing vocals), HyJean (backing vocals), Curt (backing vocals), Chi Chi (backing vocals) What: 1. Kill The Poor 2. Forward To Death 3. When Ya Get Drafted 4. Let's Lynch The Landlord 5. Drug Me 6. Your Emotions 7. Chemical Warfare 8. California Über Alles 9. I Kill Children 10. Stealing Peoples' Mail 11. Funland At The Beach 12. Ill In The Head 13. Holiday In Cambodia 14. Viva Las Vegas How: Produced by Norm Up: début mock-epic sur accords grésillants guettés par le feedback, un beat irrésistible, Biafra comme le seul successeur de Lydon, toute une ambiance splendide en hardcore en mode mineur, la caisse claire qui trépigne, un riff bourdonnant de surf rock de nuit, Jello crache son ironie sur une basse musclée, ce génie des refrains sanglants, fête de la quatre-cordes et giclées de guitare en dérapage final californien entre Dale et Mack, le refrain est déjà vrillé dans la tête et ce "toniiiight" tremblotant et maniaque, une respiration de basse et un beau (oui) passage instrumental avec solo fifties aérien, du hardcore vraiment, les drums qui font dégorger les charleys, une deuxième chanson dans la chanson, complexes les enchaînements, un talent phénoménal, dans la gueule ["Kill The Poor"]... un deux trois quatre aux drums, chevauchée de double grosse caisse détraquée et basse rugueuse par-dessus, le riffage est serré pour les invectives tongue-in-cheek de Biafra, une constante ces breaks superbes des drums, la basse fait des borborygmes à la "19th Nervous Breakdown", des prodiges les gars, la gratte qui met une autre couche de riffage, touchés par la grâce, pas de quoi en faire un plat ["Forward To Death"]... riff sautillant à la basse emboité par la gratte, ça pulse tout de suite en riffs glissés, Biafra investit le titre en une syllabe, se calque sur la machine à riff, ça lorgne dans du fifties louche un peu Misfits, la guitare qui tronçonne mais sans complaisance, et sans les penchants d'uniformité du hardcore, choeurs superbes et tout le monde à l'unisson, un soli de sci-fi au bord de la note fausse en récompense ["When Ya Get Drafted"]...gros riff avec basse garage et vocaux à la B52's, drums gros bras et charleys ouverts, basse gambadante, quel niveau technique et quel titre dansant pour lyncher le proprio, guitares tranchantes et incisives et vocaux démentiels post-lydoniens, ce riff répété presque du Doors, solo en phrase riffée impeccable, se complique un peu, bute, les drums colossaux, Biaffra tient tout le monde en respect, des chefs-d'oeuvre de pop hardcore narquoise, et ici un classique absolu ["Let's Lynch The Landlord"]... à fond les ballons, Jello réduit aux postillons onomatopéiques, quelle tenue la gratte, la basse qui bascule dans un balancement à la Tod Browning, influence parodique héritée du Cooper, ça, le pilonnage festonné de motifs finaux killers, du speed metal, superbe compo, la meilleure basse du circuit, Jello en voix chevrotante lamine, se révolte mais ne semble jamais violent, la basse repart sur un riff en son de scie, dégueulage d'aigus de la gratte, c'est parti pour la course de lapin, une tuerie de moins de deux minutes, autre chose que les ramonesries quand même ["Drug Me"]... la grosse cavalcade en riffs costauds et basse qui fait des pointes de vitesse, chant hoqueté outré speedy, caisse claire à fond les bpm, refrain avec cette voix fragile et vibrante d'indignation, "you're so boring, boring, boring !!!" avec petites phrases aiguës maigrelettes de gratte en fond, gloire au poomtchac fielleux et rusé ["Your Emotions"]...riff classique instantané avec trois breaks, plus peut-être, avant même que ça commence, le sprint, Biaffra à la corde, échange avec East Bay Ray en très lointains échos des blues, les fills de gratte sont à tuer, une grosse machine rythmique, Jello fait des pointes de larynx aussi, des Stooges suramphétaminés en fait, un refrain sur une "Chemical Warfare", quel classe, une pulsation de drums et une descente méchante de basse rapide et c'est déjà reparti, un break qui passe en mach-2, la vitesse maîtrisée sans vanité technique, killer basse avec de sublimes échappées sixties, quand même lèvent le pied mais Biafra lâche pas, bascule en parodie d'un Beau Danube Bleu sur un accompagnement country poomtchac paresseux, redescente de basse monstrueuse et boîte de Pandore fracturée, cris et grosse basse à la "Street Fight", et reprise du refrain comme une gifle ["Chemical Warfare'"]... intro drums jungle et basse fifties surfeuse à la Peter Gunn avec riffs syncopés et les chevrotements scandalisés de Biaffra par-dessus, beat jungle et riffs sanglants, toujours ces refrains irrésistibles, une fois écoutés, une fois retenus, "California Über Alles" autre chose que "We Will Rock You" à reprendre en choeur, des subtilités de drums jazzy au charleys mais où est-on, dans ta gueule Jerry Brown gouverneur de Californie sur la route de Jello, une pause et le riff fifties au ralenti, puis en version palm-muté, oh le break, la voix qui se pose par-desus en faux mezzo voce bouillonnant, ça s'accélère progressivement, la basse qui pulse avec une efficacité, quel métier, les gars ["California Über Alles"]...gros accords feedbackés qui louvoient, la course poursuite engagée illico, Jello surjoue la folie à cette vitesse, les rouleaux d'accords speed plus proches du hardcore de Black Flag, on s'arrête sur le feedback, les charleys qui frissonnent et c'est reparti, un assaut frontal et la voix chevrotante à rapprocher des bégaiements de Daltrey, les breaks jouissifs et la pulsation reprises sur basse-batterie avec larsen tapi, glissés d'accord terrifiants, stop, "So I kill children and their mummies cry..." ["I Kill Children"]... ces titres tout de même, version stop-and-go pour varier les plaisirs, forcément plus percutant encore, ça frappe à mort comme un blues déjanté, envie d'aller chercher la gratte, brancher l'ampli et jouer par-dessus tout de suite, enchaîne déjà avec un double riffage dingue quelle précision, les drums et la basse faudra les réhabiliter un jour, chant surfe sur les rouleaux de riffs, cadeau, un solo classique, vite à terme, mais beau concassage final, haut, très haut au-dessus du hardcore ["Stealing Peoples' Mail"]... la gratte aiguë fluette et riff énorme à la basse, drums pétants avec charleys puissants mais jamais la grosse artillerie, du gros punk en souplesse rythmique, les riffs semblent plus forts, appuyés par des petites pointes d'accélération collégiale, un silence sur le break de drums qu'on a envie d'écouter en boucle, et ça fait valser les riffs coulissants sur la basse tressautante, du Stooges encore et ce riff gigantesque avec des phrases bien complexes, cachées pour pas se la jouer, des heures de répétition pour une telle improvisation ["Funland At the Beach"]...la basse qui dégringole et la castagne, du riffage saturé et, surprise, des phrases zappaïennes complexes et loufoques, la folie recréé de Biaffra interrompu par ces petites phrases jazzy tortueuses et compliquées pour laisser les jeunots punks sur le bord de la route, du riffage thrash, impossible à jouer en fait, un chef-d'oeuvre aussi, ça ralentif en truc syncopé à la ska pop puis une décharge, l'ambiance Zappa volontairement out of tune, jazz quoi, sans jamais perdre la pulsation, on la remet ["Ill in the Head"]... oh l'intro de basse rocailleuse, avec cris hendrixiens de la gratte et pulsation méchante, la batterie qui bout de ses soupapes en fond, et c'est parti pour un ride sci-fi 50's rencontre des B52's et de Metallica, voix splendide de Jello, ne pas lui répéter ça le ferait rire, les riffs en chromatismes trisomiques et envolées en arpèges fifties, Jello règne, une puissance de la basse pour soutenir la gratte dans les hauteurs, refrain imparable, bien militaire of course, les lyrics les plus vitriolesques du rock si ça se trouve, un Peter Gunn Theme encore en version palm-mute, cette montée juste avant le refrain qui donne envie de s'acheter une nouvelle gratte, ils sont complexes nos gars purée, le solo à la Lonnie Mack et Kirk Hammett, aussi jubilatoire que le "Looking At You" des MC5 un des plus jouissifs du rock, les breaks des drums purée, un petit riffage et ça part dans le riff psyché garage, encore un chef-d'oeuvre, désolé ["Holiday In Cambodia"]...un petit Doc Pomus/Mort Shuman pour continuer le chambrage saturé, le thème ringard repris à la grosse basse raboteuse, un petit filet de gratte pour la mélodie railleuse, voix de Texan pour Jello le Californien, cette rythmique basse-batterie est exceptionnelle, Biaffra gueule le refrain, guitare de bal musette, la basse qui pulse pépère comme dans un orchestre de kiosque, passage en charleys écrasés putain ils en ont fait un titre avec pulsation ska cachée de ce thé dansant, les breaks ensemble sur batterie, du hardcore prog, que faire ensuite ? ["Viva Las Vegas"]... Down: pourquoi ne pas l'avoir élu maire de San Francisco ?