Deep Purple: Machine Head (1972)

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"I was inspired to write Lazy by Eric Clapton's Stepping Out. That's a weird solo because I did a particular part one day and I did another part another day, you can hear the difference. I still criticize that solo. I think the song was great, the composition was good but I could have done better..." (Ritchie Blackmore)

Where: Grand Hotel, Montreux, with the Rolling Stones Mobile Studio

When: Décembre 1971

Who: Ritchie Blackmore (guitar), Ian Gillan (vocals), Roger Glover (synthesizer, bass), Jon Lord (keyboards), Ian Paice (drums)

What: 1. Highway Star 2. Maybe I'm A Leo 3. Pictures Of Home 4. Never Before 5. Smoke on the Water 6. Lazy 7. Space Truckin'

How: Produced by Deep Purple

Up: basse et guitare grippées sur caisse claire concassée, Lord fait gronder son starter Hammond, sirène tridimensionnelle de Gillan, Paice trouve la pédale d'accélérateur, la cavalcade motorisée à cru enfin lancée, Blackmore et Lord rabotent leurs instruments en rythmique consciencieuse, Lord s'engouffre à 1"58 dans un tunnel sonore avec un solo baroque, toutes touches utilisées, Blackmore abrase au médiator derrière, échappée belle à 2"55, on reprend la route, Paice rosse savamment, Gillan s'élève dans des aigus familiers, Blackmore prend le solo à 3"48, petites phrases néo-classiques doublées, triplées à la tierce, tout en souplesse, sonorités stradivarius et progression piquée à Bach, notes croustillantes à 4"31 durcies en grappes explosives, guettées par un tapping presque cerné, dérapage final dans des graves vibratoisés ["Highway Star"]... riff sympa, sans fioritures comme souvent, ramené à la vie par la batterie sublimement décalée de Paice, cache-cache avec un rythme assimilé, rythmique sobre conclue par une phrase aux respirations purplesques à souhait, Lord et Blackmore à l'unisson dans les graves, jeu terrible, violent et serein de Paice, frappes décalées à la précision chirurgicale sur un beat métronomique, Gillan en retenue nous lit son horoscope, Blackmore sort la Strat violon à 1"50, solo mélodique, liquide, dégagé, Lord, réverb à fond, prend la suite sur le Hammond à partir de 2"58, breaks magnifiques de Paice jusqu'à 3"18, remet ça à 3"52 pour le solo final de Blackmore au son unique ["Maybe I'm a Leo"]... intro bourrue de Paice, riff ascendant, break country improbable, rythmiques staccato proto-thrash vintage, voix doublée de Gillan, solo nerveux et tendu de Blackmore à 1"38 qui tricote sa note, pousse dans des aigus incendiaires à 2"10, claque le tout au vibrato pour finir, Lord ondule en un solo serpentin, fait une visite rapide dans les aigus, Glover, qu'on attendait pas, descend tout le manche de sa Rickenbacker grondante, Blackmore reprend le solo à 4"15, hard-rock qui se dissipe dans un heavy-metal naissant ["Pictures of Home"]... intro funky, Ritchie sort les cocottes, Glover propose une basse bondissante, un break et Gillan propulse le morceau vers des territoires heavy à peine défrichés, riffs toujours aussi dépouillés mais de loin le titre le plus composé du LP, piano et Hammond pour Lord, break romantique à 1"54, solo de Blackmore en feeling monstre presque cachée par la technicité, puis piano électrique sur rythmique insensiblement plus hard, le single parfait ["Never Before "]... riff monstrueux à deux cordes, les charleys haletants de Paice, entrée de la basse raboteuse de Glover, fameux incident de Genève ("We all came out to Montreux / On the lake Geneva shoreline / To make records with a mobile / We didn't have much time / Frank Zappa and the Mothers / Were at the best place around / But some stupid with a flare gun / Burned the place to the ground"), chant nuancé et expressif de Gillan peut-être repu d'aigus, refrain éternel, travail saisissant de Paice qui arrive à faire groover le riff minimaliste un peu déserté par Lord, à 2"59 Blackmore élève en deux notes le morceau vers les cieux, solo immaculé, lyrique et olympien, notes aiguës torturées à 3"38 sur retour de riff, coda avec batterie flangée de Paice, quelques notes indifférentes de Lord ["Smoke on the Water"]... intro pompier de Lord phaser sur le Hammond, show-off gratuit et vertigineux, on tourne autour du riff, un tempo jazzy installé au moins, Blackmore consent à lancer le riff à gauche, Paice donne les temps sur ses charleys, basse trépignante, riff à l'unisson des frères ennemis, le titre éclate enfin à 2"18 avec solo velouté de Blackmore, Glover use son médiator, Lord prend le solo à 3"21, se hâte vers les aigus mais reste collé à Paice, le riff comme break, Paice superbe de sobriété, Gillan, presque oublié, entre à 4"22 avec des paroles tire-au-flanc, commence dans les graves, sort l'harmonica, retrouve des aigus trademark, l'ingé monte le volume, hammer-on et pull-off pour le solo final de Blackmore, notes tirées, petites phrases volubiles, Glover lâche la purée, une jam-session virtuose ["Lazy"]... riff hard, copeau de In Rock, Paice fait des merveilles et joue à Bonham au pied de grosse caisse, Gillan récite le bottin et s'élance vers de confortables aigus, riff de refrain violent, rythmique staccatoées de Blackmore, Gillan ne veut plus redescendre, break funky surprenant à 2"38, solo déjanté d'un Blackmore boudeur et renfrogné, puis de batterie, époustouflant, sur deux notes de basse, conclu par une bouillie de caisse claire incroyable, cris de hyène de Gillan, final grandiose et méchant ["Space Truckin'"]...

Down: sous la virtuosité, des compositions un peu paresseuses pour des disciples de Bach...