Elmore James: Shake Your Money Maker

Un titre sonnant et trébuchant - une sébile blues-rock pour un peu.

In the beginning, comme toujours, le blues. Chicago, 1961. Riff boogie arachnéen & solo en glapissements goulotés, rythmique des Broomdusters démarquée du Got the Blues Can’t Be Satisfied de Mississippi John Hurt. 2e prise, chez Matassa.

1965 : stop and go fallacieux, Butterfield se met à l’avant de la locomotive, ouvre ses poumons - fastueux. Soudain Bloomfield débonde, bottleneck strident, puis sprint garage hystérique avec final rockab’ paléo-setzerien.

1968 : le British Blues Boom occupé à d’autres déflagrations, le Mac, slide dégorgée sur rythmique élégante des Bluesbreakers en assise, fond sur sa prise, divise les surprises entre Green & Spencer. Vernon, en cabine, calme les gamins

1974 : trimballée sur scène depuis des années par les 6 doigts de Theodore Roosevelt. S’enferme en studio avec ses HouseRockers, rythmique compressée, tout au service du bottleneck. Des dehors frustes, calé au quart de poil, en fait.

1975 : essoré, le titre de James ? Wait. Un autre, le cousin Homesick qui a joué avec Elmore, rempile avec ses Dusters, mais sans Snooky Pryor. Roots à souhait, chant expédié, la slide en dé à coudre. Autre reprise, en 1997 - à 88 ans.

1977 : au pas de charge, les mascottes de Chiswick Records injectent du punk dans le pub-rock de Dr Feelgood, font la première partie de Motörhead et bastonne l’héritage R&B. Aux grattes gourdins ? Johnny Guitar et Zenon de Fleur. Oui.

1982 : Pitchford, roi de la guitare à une corde & du diddley bow, formé par Robert Lockwood Jr., foule les brisées de Robert Johnson sur du Elmore James. 27 ans, même pas mort, la nouvelle génération blues - fauché 16 ans plus tard.

1988 : Thorogood, of course - de vitesse. Goulot grêle et frénétique dévale, en feu, le manche et joue à You Can’t Catch Me avec la rythmique sous amphèts - rave-up de punk atomique qui prend la suite, à son insu, des Count Bishops.

1995 : 4 février 1995, Zénith - oui, celui de Paris, France. Jimmy, des pains bien sûr, sloppy too, mais moins que d’hab, exulte sur scène et envoie la sauce. Pour la version propre, allez vous faire voir chez les Greek.

2010 : le crossroads en meeting point des sexagénaires - Eric & Jeff, impeccables, à l’écoute l'un de l'autre, sans démonstration de force, toute la guitare blues anglaise en deux touchers ok boomer distincts et germains.

2013 : la reprise péroxydée jet-setteuse pour les impôts ? Même pas : bonus track pour le distributeur ricain Target. Perdu un peu de sa puissance, pas de sa superbe, le Rod qui, bien backing-bandé, enfile ça en 2"42, douche comprise.