Faces: A Nod Is As Good As A Wink To A Blind Horse (1971)

#faces

"We'd been producing ourselves and fucking up, really. Glyn brought us all together and got the best out of us. God bless him, he was very well aware of Rod's solo albums and he wanted to get the Faces on a similar footing. [But] we got a cover you can't read! It drives me nuts..." (Ian McLagan)

Where: Recorded at Olympic Sound Studios, London

When: Novembre 1971

Who: Rod Stewart (vocals), Ron Wood (guitar), Ronnie Lane (bass, vocals), Ian McLagan (keyboards), Kenney Jones (drums), Harry Fowler (steel drums)

What: 1. Miss Judy's Farm 2. You're So Rude 3. Love Lives Here 4. Last Orders Please 5. Stay With Me 6. Debris 7. Memphis, Tennessee 8. Too Bad 9. That's All You Need

How: Produced by Glyn Johns

Up: riff de saint Keith au Marshall gras en son pourri appliqué, Rod s'insère avec des cris de coyote jubilant, McLagan au clavier riffant sur basse pulsante de Lane et frappe veloutée de Jones pour le coup de starter, Rod tout en larynx rincé au single malt déchiquète le micro, Ron riffe en rafales rares, Ronnie prend son pied au volant de son Harmony H22 (?), Kenney balance de superbes splashs terminaux de cymbales, un rythme génialement débraillé mais jamais brouillon, tout est en place, on décélère, à 2"05 une dégringolade dans les aigus pour relancer une razzia de riffs avec la basse comme seule pote de débauche, ça hésite, Kenney assène un coup de caisse claire, Wood accélère le riff, la basse suit sans se démonter, le clavier se raccorde à la teuf, vont-ils repartir ou bien ?, entrée glissée tout en cymbales de Jones, Stewart ramasse la mise avec une rentrée extraordinaire, voix cassée et puissante bien sûr, un solo de Ian pour le final, vite emboité par Wood superstar partagé entre notes et riffs, quelle suée ["Miss Judy Farm"]... piano et claviers pour mettre l'ambiance, Wood déboule avec ses accords marshallisés au rasoir, Lane et Jones fournissent une rythmique rock prix d'excellence, Ronnie fraye dans les aigus avec parcimonie, Lane prend le micro pour une histoire tongue-in-cheek de lads avec la voix de Harrison ou presque ("Why, it looks as though there's nobody in / They've all gone out to see my Auntie Renee / Don't you worry, you just come right in / I'm sure we'll pass the time till they come home"), quelle pulsation, jusqu'au pont, petit solo débuté en bas du manche comme ça pour voir, ça tricote rock comme Chuck, on surveille toujours le riff du coin de l'œil, l'essence du rock tranquille entre potes, les grattes rabotent, le solo s'étend, comme du Richards en plus délié sans trop s'écarter du riff - surtout ne pas faire retomber le rythme -, Jones joue à Watts, allez un harmonica pour faire la fête, Wood en impose d'obstination riffesque, s'embarque dans un solo à la "Gimme Shelter", tout sans prétention donc génial, comme les Stones, l'amertume et le cynisme en moins, le fun en plus ["You're So Rude"]... intro à la Neil Young, le cœur gros comme ça posé sur des cascades de notes de piano à la Hopkins et nappes de clavier, Rod reprend le micro tourbé, Lane sans esbroufe pond une partie de basse rurale avec des échappées aiguës inspirées, les guitares de Wood sont grasses et saturées et ne changeront pas, Rod est fabuleux d'aisance rauque, que d'émotion, petits arpèges en harpsichord, la guitare riffe sur une ou deux cordes, backing vocals à la Glimmer Twins, petite pause dans les cimes avec clavier seul, des phrases de guitares et de piano étincelantes, noyées de sincérité ["Love Lives Here"]... une dernière avant la fermeture, titre en forme de manifeste pour nos piliers de pub, un riff d'intro fêtard et débauché, une basse bonhomme, une guitare trémolo et un piano saloon et c'est parti, on fait chauffer la marmite, Jones pulse tout charleys ouverts avec un toucher jouissif, Rod se gargarise, un solo saloon aux touches rehaussé de tricotages de gratte sur section rythmique audacieusement économe, du Chuck Berry briton imbibé de stout ["Last Orders Please"]... Ron envoie son CV à Keith par riff vintage interposé, courage plus que quatre ans, tout en aigus saturés, entrée basse-batterie sidérante d'efficacité complice, Ronnie finit sa course de basse dans des aigus impitoyablement sélectionnés, Rod croasse, un boogie décapé, une culbute de piano électrique Wurlitzer, toujours un riff glaireux énorme, ça ralentit, ça s'installe, ça chaloupe sur du graisseux avec fills dans le canal droit pour faire bien consistant, Rod joue des coudes pour pousser sa première gueulante, tient tout le monde en laisse - un véritable instrument de plus cet organe stewartien - pour des lyrics tout en finesse ("I know your name is Rita / 'cause your perfume's smellin' sweeter / Since when I saw you down on the floor / Won't need to much pursuadin' / I don't mean to sound degradin' / But with a face like that you got nothin' to laugh about / Red lips, hair and fingernails / I hear you're a mean old Jezebel / Lets go upstairs and read my Tarot cards"), solo au bottleneck cocaïné, Wood tient tout à bout de riff, sur des dérapages de slide vertigineuse, Lane gambade mais jamais trop loin, Jones se concentre sur la frappe, les deux potes s'amusent, tout s'explique, vocaux on the rocks pour Rod, larynx déchiré, à 3"20 on rebascule le riff puissant, quelle fête, tout le monde suit et ça repart, oops faux départ, les guitares tranchantes dans les aigus et on remet ça, troisième accalmie, McLagan place une descente, ça reprend, Jones se cabre avec panache, rue et ça redémarre, quelle taloche ["Stay With Me"]... on sort les acoustiques open-tunées, sur-riffé à l'électrique richardsisée, basse/batterie en retenue, clavier bien sûr, Lane chante comme George, Stones et Beatles, les deux pour le prix d'un sur ce titre, hommage au père du bassiste, chœurs incertains donc stonesques avec Rod au fond du studio, belle construction, accents harrisoniens décidément troublants, la guitare s'invite en éboulement de triolets, un solo senti qui prend son temps, riffe un peu, les sèches sérieuses derrière, la basse grossit puis tape dans les octaves, la finesse british, l'alcool triste nos cinq lascars, outro classieuse et sans trop la ramener, un petit bijou ["Debris"]... intro à la basse duale, du gros son et des contrepoints en aigus glissés à la Fraser ou Macca, Wood prend vite le dessus, un peu de gratte rythmique en complément, on braconne sur les terres de Chuck, illico vampirisé par les Anglais, une gratte en cabine Leslie empilée par dessus tout ça, déjà 1"30 et toujours pas de chant, la voix de velours de Rod enfin, la torpeur originelle remplacée par une respectueuse retenue, un solo en Leslie tant qu'on y est, des bouts de riff dedans, l'artillerie lourde pour la fin, piano et riff baveux à gauche, logorrhée de Leslie, doublement de caisse claire génial de Jones, une cohésion de potes comme l'anti-Deep Purple, Jones sort les cymbales puis les charleys, et toujours le solo qui court derrière ["Memphis"]... studio chat, on tape les temps, du piano pour l'intro et la guitare cuivrée stonienne de Ron, encore une entrée démente des deux lascars de la rythmique, Rod flamboie ("Too bad we were thrown downstairs / We never got a chance to sing / We were quite polite with one invite / To keep us off the street / We mingled for a minute or two / With the high class clientele"), on rajoute des gifles acoustiques genre "Street Fighting Man" du père Keith, les grattes couinent, le riff tourne en surchauffe de croisière, piano à un doigt pour préciser le principe, on ralentit pour le pont, chœurs de hooligans, une pile de riffage bordélique à la fin, Wood au sommet de son art, trois notes de solo et derrière, le fracas ["Too Bad"]... un autre riff syncopé en slide visqueuse, en aigus torturés, Jones marque les temps sur le pied de grosse caisse, Rod crache ses poumons, Lane et Jones patientent soixante-seize interminables secondes, basse fluide et batterie au roulement de toms en gimmick, la slide abrasive prend le lead, seule, prend de la vitesse, s'embourbe dans des méandres virtuoses, tout le monde se tait, finit en bas de manche, les quatre potes reviennent, on calme le jeu, Lane funky et Jones nerveux de la caisse claire, un peu de steel drums derrière, outro des Caraïbes sur slide carnassière ["That's All You Need"]...

Down: Rien, c'est la fête...