Faith No More Angel Dust (1992)

#faith-no-more #mike-patton

"Look at Spinal Tap, look at the media industry. There's this huge attempt to make pop-culture valid and take it self seriously. Pop-culture is just shit, y'know. Basically. We're in pop-culture, it's hard to take ourselves seriously. What we're doing is, we're contributing to pop-culture. It's just not that big of a deal" (Bill Gould)

Where: Recorded at Coast Recorders in Brilliant Studios, San Francisco, California

When: 8 juin 1992

Who: Mike Patton (vocals), Jim Martin (guitar), Roddy Bottum (keyboards), Bill Gould (bass), Mike Bordin (drums)

What: 1. Land Of Sunshine 2. Caffeine 3. Midlife Crisis 4. RV 5. Smaller And Smaller 6. Everything's Ruined 7. Malpractice 8. Kindergarten 9. Be Aggressive 10. A Small Victory 11. Crack Hitler 12. Jizzlobber 13. Midnight Cowboy

How: Produced by Matt Wallace & Faith No More

Up: gratte granuleuse sur basse funky slappée, nappes de synthé, Patton, rogue et narquois, en moqueries nasales, descente de synthé sur rires déments et basse bourdonnante, envolée bâtonnée à 1"41 sur une ligne de basse hypnotique, mezzo voce instable de Patton ("Prepare for a series of comfortable miracles / From fasting to feasting / And life to you is a dashing bold adventure / So sing and rejoice / And look for the dream that keeps coming back / Your future / Pat yourself on the back and give yourself a handshake / Cuz everything is not yet lost") qui débloque ("Help yourself!!!"), solo à l'économie de Martin à 2"55, vocalises hallucinées de Patton, ténor de boulevard ("Varicose / Comatose / Senile") pour un final emphatique persifleur ["Land Of Sunshine"]... rires et ça rabote encore plus fort, basse violente, Bordin suit le mouvement, synthés aériens de Bottum en soutien aux vomissures vocales de Patton qui triple les voix ("Hide your face in the curtains / Better unsaid so close / And it rolls off the tongue / ALMOST"), s'envole sur le pont avec une voix pop, Martin sort des bouts de riff métal, laisse mourir un accord brut à 1"05 sur une basse roulante, son étouffant dissipé à 1"55 par une autre embardée de Martin et sa guitare métal, crash dans des marais de basse rugueuse, une traversée de la jungle, Patton effraie et éclate en cris saturés glaçants ("I'm warning you!!!"), revient à ses basses cajoleuses, Martin replace ses riffs pour un final porté par des chœurs kobaïens et noyé de borborygmes guitaristiques ["Caffeine"]... batterie funky tribale pour l'intro, basse bonasse, synthé rutilant, Patton voix thrashée, puis pop pour un refrain écorné d'une guitare sursaturée, Martin repart sur des hauteurs de power-chords enflés, Patton enfile les personnages ("Go on and wring my neck / Like when a rag gets wet / A little discipline / For my pet genius / My head is like lettuce / Go on dig your thumbs in / I cannot stop giving / I'm thirty-something"), refrain impeccable, à 2"22 break-sample africain, "Cecilia" de Simon & Garfunkel aussi, Martin sort ses effets à la Black Sabbath, on reprend avec Patton démultiplié en alias rap, pop et thrash ["Midlife Crisis"]... ritournelle piano, guitare hawaienne et Patton en crooner éthylique ("Backside melts into the sofa / My world my TV and my food / Besides listening to my belly gurgle / There ain't much else to do"), pépiements surf à la six-cordes, Patton joue aux ogres dans une valse malsaine, Mr Bungle, Peeping Tom, Fantomas, tous rodent ["RV"]... guitares thrash à nouveau de sortie, vaguement orientalisant, Patton se fait lyrique sur une basse-batterie grandiloquente ("Drought makes the workers dream / Muscles and fields of green / Shovel the last few crumbs / Of generosity"), Bordin chasse consciencieusement toute fluidité de son jeu, Patton d'abord en chœurs se fragmente sur les tournoiements du derviche Martin, pousse un cri terrifiant à 1'23, break world music sur basse funky hénaurme, synthé en sous-couche, à 3"09 Martin s'extirpe de la poisse sonore de ses potes avec des méandres arabisants de phrase, Patton est littéralement stupéfiant ["Smaller And Smaller"]... piano désaccordé, cymbales agitées, basse funky méchamment slappée et power-chords thrasheux avec bouts d'arpèges distordus, Patton général magistral ("Things worked out better than we had planned / Capital from boy, woman and man / We were like ink and paper / Numbers on a calculator / Knew arithmetic so well / Working overtime / Completed what was assigned / We had to multiply ourselves"), tronçonnage rythmique et scansions rap, guitares en avant, un refrain planant avec synthé, Gould frappe très fort, à 3"34 Martin retente un solo épique à deux notes sur les brisées du grand Iommi, on sursature le tout pour le final ["Everything's ruined"]... intro étouffante à base de double grosse caisse bourrine et guitare balourde, Patton monstrueux surfe sur la ligne de synthé avec une voix pop schizophrène, même Martin part dans des distorsions étincelantes, passage goth-rock avec tocsin, à 1"27 Patton lâche un cri déchirant, accalmie à 2"27 avec une petite phrase de nursery-rhyme, courte durée, le titre se fait encore plus sombre, claviers orientaux, ça rosse dur pour la dernière ligne droite ["Malpractice"]... intro tonitruante à base d'aigus torturés, Martin menace avec de gros accords ventrus, Patton enchaîne vite un refrain d'une étrange pop habitée ("Drinking fountains are shorter than they used to be / The swings on the playground don't even fit me anymore / Folklore: Nobody's supposed to believe in the next grade / Write it a hundred times / Kingdom / Kindergarten / Waiting / Bells not ringing"), on ajoute des cordes, à 1"43 break avec une ligne de basse sautillante sur fond de synthé cheap, retour de Martin à la six-cordes saignante, Patton s'énerve, tout au fond, derrière les amplis, Gould balance un solo purulent, Patton bout, Martin fluidifie enfin son discours ["Kindergarten"]... intro pompeuse aux claviers cassée par un riff funky gorgé de wah-wah à la guitare, claviers Hammond et basse méchante, enfin des backing vocals féminins ("Be aggressive!") sur descente de manche étourdissante, Patton partout dans les enceintes, solo seventies de Martin sur bâtonnade wah-wah rugissante à 2"02 ["Be Aggressive"]... motif japonisant et basse toujours funk soutenue par la frappe sèche de Bordin, synthé pour les guirlandes sonores, Patton se fait grave et suit la guitare, passe dans un scat rap avec de brefs claviers sixties, Martin s'amuse un peu puis revient à ses riffs after-Sab', un peu de chœurs, Patton glapit, on revient à la fin sur le riff japonisant ["A Small Victory"]... intro wah-wah avec grosses pêches de basse, sirènes réminiscences d'un "War Pigs" décidément tutélaire, claviers inquiets, vrai départ du titre sur fracas de slap, on monte les tons simplement et ça fonctionne, presque groove avec des claviers à la Bernie Worrell, Patton impérial (" 'In regards to / The usage of the drug... / It modified my personality / To the extent that I was / Highly irritable' / 'I was like a crack Hitler' "), break en forme de crash aux accents militaires ("Hey hey"), final oppressant, cauchemardesque ["Crack Hitler"]... encore un rythme ricain à la double grosse caisse pour Bordin, et toujours l'ombre portée de Paranoid, Faith No More en pleine nuit, larynx écorché de Patton sur grand pans sonores de power-chords, une note de synthé à la Bernard Herrmann martelée derrière, Patton, voix enfouie au mixage, fait grésiller les micros de ses caquètements hystériques ("Bars in the womb / I hide my dirty minutes under the dirty mattress and they are making me itch / My time is spilt milk"), Gould tabasse au pouce, Patton inquiétant, névrotique, break sur riff angusien à 3"28, l'horizon s'éclaircit progressivement, puis retour de guitares de suie et de rythmiques charbonneuses et industrielles, longues plaintes finales névrosées en écho de Patton, englouti, orgue religieux balbutiant et chœurs angéliques ["Jizzlobber"]... hommage inattendu mais raccord avec un album cinématique, basse ronde et riff inoubliable ["Midnight Cowboy"]...

Down: le jeu de Bordin, pourtant un temps pressenti pour tenir les baguettes dans une reformation de certain Dirigeable, désossé de toute trace de personnalité, comme la plupart des batteurs des 90s...