Gene Vincent And The Blue Caps (1957)

#gene-vincent

"I remember trying to get these amazing sounds out of my head during a Maths lesson at Elmwood School, but the window cleaner was outside whistling the second guitar solo from 'Be-Bop-A-Lula'. This was all I need to leave normality behind..." (Jeff Beck)

Where: Recorded at Capitol Studios, Nashville, Tennessee

When: 4 Mars 1957

Who: Gene Vincent (vocals), Cliff Gallup (lead guitar), Paul Peek (rhythm guitar), Willie Williams (rhythm guitar), Jack Neal (upright bass), Dickie Harrell (drums), The Jordanaires (vocal chorus)

What: 1. Red Blue Jeans And A Ponytail 2. Hold Me, Hug Me, Rock Me 3. Unchained Melody 4. You Told A Fib 5. Cat Man 6. You Better Believe 7. Cruisin' 8. Double Talkin' Baby 9. Blues Stay Away From Me 10. Pink Thunderbird 11. I Sure Miss You 12. Pretty, Pretty Baby

How: Produced by Ken Nelson

Up: entrée tonitruante de Gene sur arpèges attentifs de Cliff qui tient 37 interminables secondes avant d'envoyer en vrac un premier solo, sanglé et nerveux, vite affranchi en ample balayage de cordes sur une batterie cliquetante à souhait, dès 1"06 un nouveau cri de Gene pour lancer le festival de taloches soniques de Cliff, Gene halète et en rajoute des tonnes bien sûr, Cliff pose ses soli monstre toutes les vingt secondes sur un tapis de hurlements, finit dans le décor sur un accord méchamment twangué ["Red Blue Jeans And A Ponytail"]... "Weeeeeelllllll" liminaire presleyien, ça châtaigne sans nuance en back, solo pétillant, étincelant et crépitant une seconde plus tôt cette fois-ci, à 00"36, Gene roucoule en écho moite suggestif ("Hooold me baby"), Cliff se balade dans les aigus en attendant, revient dès 1"00 avec des accords zébrés, un solo chaque fois réinventé, le tohu-bohu rockabilly redouble derrière, les gars ont la braguette sous pression, à 1"35 Cliff qui s'ennuie prend un autre solo, vicieux, après un roulement dantesque de Dickie, s'épanche en petites giclées sur une batterie dopée, fin en crash bien sûr ["Hold Me, Hug Me, Rock Me"]... la balade avant les Righteous Brothers, version minimaliste en accords vénitiens sanglotants, Gene, tout en émotion pas en puissance, en geignements souterrains pour filles frissonnantes, Cliff déboule avec un proto-sweeping à 1"18 classe, éclatant et lacrymal, le ténébreux boiteux n'oublie pas ses girls ["Unchained Melody"]... stop-and-go irrésistible pour un Gene à nouveau abusé par la Femme, Cliff piaffe, patient, largue un solo à la quinzième seconde, du jamais entendu, un rythme chaloupant et swinguant comme du Presley en fond, walking bass discrète sur contrebasse bonhomme, Gene ébroue ses doléances ("That's where you lied, that's a-where, that's a-where you lied / Livin' offa promises ain't for me / 'Cause that's where you told an f-i-b") et lance son vicelard gratteux aux trousses de la traîtresse ("Rock, Cliff, go!!!"), solo lumineux pour changer, avec note carat qui éclate en pépite luminescente, à 1"18 encore un petit chorus pour la route, Gene et Cliff se tirent la bourre en potes pour être sur le devant ["You Told A Fib"]... riff killer cinglant, incroyable de modernité et d'audace, sur rythmique bodiddleyesque, un cri terrifiant à 00"44, on est vraiment live in the studio, Vincent, torturé, manie de grosses métaphores pour les teenagers ricaines ("Cat Man's a-comin', lookin' for a girl / Better hide your sister man! / "C" is for the crazy hairdo that he wears around / "A" is for the arms, that he'll sneak around your waist / "T" is for the taste of lips belong to you / Cat Man, CAT MAN!"), dépêche à nouveau Cliff en tête de meute ("Yeah... git it... go!"), break insensé en forme de petit riff oriental, repris génialement dans les graves, Dickie sort le grand jeu sur les explosions pétrifiantes de Gene ("Cat Man !!!"), démence ambiante pour un titre thrasho-rockabilly, à 1"27, surprise, Gallup s'envole en tournoiements pyrotechniques insensés ["Cat Man"]... encore un stop and go, ça pulse comme du jazz, Gene assure avec les Jordanaires derrière, Gallup, pas invité et pour faire court, débarque à la vingt-quatrième seconde, tout le monde tape dans ses mains sur les tempi pairs, chaud dans le studio de Nashville, à 00"55 solo vertigineux, Gallup flamboie, Gallup invente, Gallup est partout ["You Better Believe"]... beau riff, Vincent louche et marlou, part en chasse ("I'm cruisin', lookin' for my gal / I'm cruisin' for to bruise him bad / That man with her is gonna get.... Rock !"), break fastueux de fin de couplet, courtesy of Cliff qui sort un solo rapidissime, fébrile, une poignée de secondes c'est fini, un cri, déjà un autre solo irrité, proto-beckien bien sûr, remet ça avec une tuerie sonore littéralement incroyable sur les "Cruisiinnn" menaçants de Gene ["Cruisin'"]... call and response avec Gallup, Gene décidément jouet des femmes ("My friends tried to tell me, but they were too late, yeah / What a fool I was to fall for your bait, yeah / You drive me crazy, kiss-a-me baby, I don't mean maybe / Double talkin' baby, please make up your mind /"), Gallup intervient en toute beauté, clôt le tout de trois accords gras, un solo fougueux et pétulant sur une batterie en flammes, des breaks plus construits, un solo épuisant à la fin pour être sûr de distancer tous les suiveurs ["Double Talkin' Baby"]... arpèges pédestres countrysants, éclatés en une superbe phrase stellaire finale, Vincent, déprimé, soigne son chant, étire les syllabes, sonne presque comme qui-vous-savez, Gallup aussi prend son temps pour un long solo appliqué et construit, sur les brisées de Charlie Christian, chaque solo à chaque fois plus terrassant d'hardiesse novatrice à la réécoute ["Blues Stay Away From Me"]... Gene joue au proprio sur stop and go efficace, prend sa revanche sur toutes ces (méchantes) nanas, Dickie déboule avec de belles cymbales toutes neuves, solo immédiat ou presque tout en aigus limpides et croustillants de Gallup qui jette sa barbaque sonore en pâture aux hyènes tapies dans le fond du studio, encore une fois ça tabasse dur sur les hoquètements de Gene ["Pink Thunderbird"]... une autre ballade vénitienne, ça balaie les arpèges, Vincent câlin, prend sa voix grave la plus sourde ("You took away my lovely dreams / But I don't need those things at all"), à 1"33 solo italien qui monte d'un cran sur une rythmique hachurée, petites phrases superbes de Cliff pour le dessert ["I Sure Miss You"]... a bande à casquettes bleues finit sur un lynchage sonique, Gallup se dévoue pour les premières lignes, chœurs de matelots matou derrière, Cliff privé de solo jusqu'à un scandaleux 1"05, fait ricaner sa Gretsch Duo-Jet noire en un jeu inventif, racé et précis, solo destroy à 1"51 avec un glissé dans les aigus époustouflant ["Pretty, Pretty Baby"]...

Down: Gallup écrase de sa virtuosité le pourtant prodigieux Scotty Moore... mais, sans Elvis, naturellement, le sympathique Gene n'aurait pu éclore...