Guns N' Roses: Appetite For Destruction (1987)

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"I used to drink [...] all the time and [...] I was still carrying a bottle of Jack around with me the whole time. There was one time when Steven (Tyler) came into the room I used to use for tuning my guitar. I'd stepped out of the room for a minute and when I got back there was Tyler standing there looking through my tapes and stuff. I had one empty, one half-empty, and one full bottle of Jack lying around in there. Anyway, I walked in and we started talking. And he says, 'Did you drink all that today?' And I was, like, yeah, I did. And he just gave me this look. He started to say something, but then he changed his mind. He's been through some scenes of his own, I guess." (Slash)

Where: Rumbo Studios, Canoga Park, CA, Take One Studio, Burbank, CA, Can Am Studio, Tarzana, CA

When: 21 juillet 1987

Who: W. Axl Rose (vocals, synth, percussions), Slash (lead and rhythm guitar, acoustic guitar), Izzy Stradlin (rythm and lead guitars, backing vocals, percussions), Duff "Rose" McKagan (bass guitar and backing vocals), Steven Adler (drums)

What: 1. Welcome to the Jungle 2. It's So Easy 3. Nightrain 4. Out Ta Get Me 5. Mr. Brownstone 6. Paradise City 7. My Michelle 8. Think About You 9. Sweet Child O' Mine 10. You're Crazy 11. Anything Goes 12. Rocket Queen

How: Produced by Mike Clink

Up: riff d'intro dégringolant pour une visite de l'autre Los Angeles, celui de Friedkin, cris simiesques d'Axl, possédé par le cauchemar urbain californien, le titre s'installe autour d'un riff gras, le chanteur à bandana étouffe déjà ("Welcome to the jungle / We got fun 'n' games / We got ev'rything you want / Honey we know the names"), Slash et Izzy tricotent dans des graves crépitants, basse ronde et agressive de Duff, chœurs faussement angéliques, les Guns se lancent dans un pont inquiet à 2"17, Duff colmate consciencieusement, Slash distribue les soli, Axl, écorché vif, est déjà gangréné par la pourriture angelenos ("It gets worse here ev'ryday / Ya learn ta live like an animal / In the jungle where we play / If you got a hunger for what you see / You'll take it eventually"), Adler bat le rappel sur son inséparable cowbell à 3"22 et c'est la plongée dans la jungle, Duff rabote, Adler frôle le swing sacrilège, sortie psyché wholelottalovesque, Axl clôt la visite sur un cri terrifiant, comminatoire ["Welcome to the Jungle"]... Duff varlope au médiator, la sauce prend illico, un riff comme une lame de fond, Axl est passé dans de superbes graves en cuir, Slash et Izzy jouent à Joe et Brad, les harmoniques eighties en plus, la virée dans les banlieues continue ("Cars are crashin' every night / I drink n' drive everything's in sight / I make the fire / But I miss the firefight / I hit the bull's eye every night"), pont en arpèges, solo en retenue de Slash sur rythmique grasse, Adler bastonne, retrouve sa cowbell, un deuxième solo, étranglé cette fois-ci, de Slash, plus technique, encore meilleur ["It's So Easy"]... tiens, une cowbell, lacis de superbes riffs mélancoliques des Gunner Twins, l'autodestruction pointe déjà, Axl se permet encore un peu l'ironie et la distance ("I got one chance left / In a nine live cat / I got a dog eat dog sly smile / I got a Molotov cocktail with a match to go / I smoke my cigarette with style / An I can tell you honey / You can make my money tonight"), les rythmiques croisées de Slash et Izzy touchent au sublime, se muent en riff tourbillonnant pour le refrain, puis premier solo, d'une maîtrise confondante, à 1"57, et à partir de 3"06 coda blues dans les étoiles de Slash éclatant en grappes pentatoniques, Axl multiplie les chœurs poignants, si si, les Guns investissent la sainte trilogie sex, drugs and rock n' roll comme personne en ces eighties péroxydées ["Nightrain"]... riff lourd et coupant, solo d'entrée azimuté de souffrance, la douloureuse lucidité d'Axl, dévoré par la paranoïa, guetté par la folie ("Been hidin' out / It's nothing new ta me / And layin' low / Well you can always find a place to go / If you can keep your sanity"), micro-interventions de Slash, tout en classe, Axl passe dans les aigus et crie son innocence à pleins poumons ("They push me in a corner / Just to get me to fight but / They won't touch me / They preach and yell / And fight all night / You can't tell me / I lose my head / I close my eyes / They won't touch me / 'Cause I got somethin' / I been buildin' up inside / I'm already gone"), efficaces et inventives, les rythmiques sont impeccables, Slash entame à 2"17 un solo progressif, encore meilleur à 2"45, un break et on repart pour une bâtonnée finale haletante ["Out Ta Get Me"]... cocottes tribales post-Didley en intro, riff tournoyant et rythmique funky, Adler se sent chez lui, un refrain inspiré harmoniquement, l'enfer de la dépendance vainement identifié par Axl ("I used ta do a little but a little wouldn't do / So the little got more and more / I just keep tryin' ta get a little better / Said a little better than before"), Slash sort la wah-wah à 1"54, un break bien senti d'Adler à 2"22, final travaillé comme souvent sur l'album ["Mr. Brownstone"]... arpèges 70's 100% vintage, Adler fait une entrée résolument dépourvue de toute subtilité, chœurs léchés, une touche de synthé, les guitares menaçantes piaffent et fourbissent tranquillement leurs armes derrière, Duff assure une basse bastonnante à la rondeur intacte, coup de sifflet, riff sirupeux démoniaque à 1"21 et le Magical Junky Tour peut commencer, solo grésillant à 3"06 puis le riff hausse d'un ton, break ("So far away"), riff spasmodique de Slash, Axl poursuit ses vaines errances angelenos ("Captain America's been torn apart / Now he's a court jester with a broken heart"), s'aventure dans les aigus puissants puis à 4"36 on passe à un boogie vénéneux, Adler déchire sa grosse caisse comme il se doit, Slash dégueule de la pentatonique torturée, colle au plus près de la rythmique, lâche enfin la purée à 5"50 ["Paradise City"]... arpèges océaniques et cymbales frissonnantes, petit motif de basse, riff claquant aux tonalités funk, Axl, en forme, dévide sa poésie urbaine ("Your daddy works in porno / Now that mommy's not around / She used to love her heroin / But now she's underground"), Adler rosse ses peaux, toujours cette tonalité Ringo de la caisse claire, pont parfait à 2"01, Duff astique son manche, chant d'Axl particulièrement soigné, solo à 2"29 sur changement de rythmique imparable, Axl emporte le morceau pour le final ["My Michelle"]... intro fracassante, oui toujours la cowbell et les charleys ouverts pour le chien fou Adler, Slash et Izzy équarrissent, débitent les hachures bostoniennes, Axl, vulnérable et touchant, s'épanche ouvertement, multiplie les textures vocales et empile les tessitures, Izzy se pose en successeur attendu de Malcolm, arpèges synthétiques superflus sur le refrain, solo calculé, graduel et tempéré, sous le couvert de l'intuitivité de Slash qui tente l'insertion, y arrive enfin à 3"03, Axl récupère la mise in extremis pour la coda ["Think About You"]... riff lacrymal d'intro gag pourri pour se chauffer devenu sublime par la force des choses, motif sympatoche de Duff, on sort les guitares acoustiques, Duff a le cœur gros, Axl, voix écorchée, entame sa ballade de chat de gouttière, premier solo, sensible et contenu de Slash, deuxième à 2"35, un cran au-dessus, puis dernier solo à 3"34, le meilleur bien sûr, tourne en wah-wah à 4"04 sur une rythmique stop-and-go fabuleuse, Slash, magnifique, continue sur sa lancée tout au long d'un final choral porté par Axl et sa soul héroïne ("where do we go now?"), une merveille de ballade seventies, au goût sonique du jour ["Sweet Child O' Mine"]... torgnole sonique administrée par Slash et Izzy, à l'aisance déconcertante, Adler concasse, à 1"30 ça tire dans tous les coins entre les deux ferrailleurs pour lancé un solo désaxé à 1"57 tout en échardes pentatoniques [" You're Crazy"]... effet washboard, on ressort la talking-box même pour le solo à 1"44, Joe Perry en statue du Commandeur, riff détraqué, ondulant, Axl s'époumone, refrain presque festif, Guns just wanna have fun ["Anything Goes"]... guitares en vadrouille, ligne de basse pour funk blanc, riff retardé explose enfin à 00"39, Axl, voix trafiquée, fait déjà le bilan (" I've seen everything imaginable / Pass before these eyes / I've had everything that's tangible / Honey you'd be surprised / I'm a sexual innuendo / In this burned out paradise"), Slash glose en pentatoniques, Izzy cimente, à 2"23 on devient encore plus funky, gémissements de pute pour émois turgescents d'adolescents, guitare en pâmoison, break superbe à 3"26 et retour en arpèges, solo à 5"13, Axl proche de la fin, ne le sait pas encore tout à fait ["Rocket Queen"]...

Down: vingt ans déjà quand même, quelques sonorités métalliques FMisantes gênantes du coup, son de batterie bourrin aussi... Et puis après ça, les Guns, suivant leur penchant crânement annoncé dans le titre-manifeste de cet album, se sont fait bouffer tout cru par la jungle, on ferme...