Iron Butterfly: In-A-Gadda-Da-Vida (1968)

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"There was an identifiable Iron Butterfly sound and yet during that 1967-1970 period, we had been called underground, acid rock, psychedelic and then heavy. So much for handles. It's whatever the market would bear at the time, whatever handle they assigned to our particular approach to the subject of music. I really couldn't tell you. Then you have Blue Cheer and Cream, who's heavy and who isn't, I don't know. Def Leppard once accredited us as being the father of heavy metal. The only reason I shy away from that reference is simply because I'm not convinced that I really like where heavy metal has gone. ..." (Doug Ingle) Where: Recorded at Gold Star Studios, Hollywood, California and Ultra-Sonic Studios, Hempstead, New York When: Juin 1968 Who: Doug Ingle (keyboards, vocals), Erik Braunn (violin, guitar), Lee Dorman (bass), Ron Bushy (drums) What: 1. Most Anything You Want 2. Flowers and Beads 3. My Mirage 4. Termination 5. Are You Happy 6. In-A-Gadda-Da-Vida How: Produced by Jim Hilton & Don Casale Up: pilon de cymbales pour l'intro, orgue manzarekien vintage, enjolivures acides inspirées à la guitare distordue calée à la sixties sur la caisse claire, Lee gambade à la basse volubile de graves ronds en gracieux aigus, des choeurs west coast pour appuyer l'entrée de Doug et sa voix si singulière, des arpèges psychés sur le pont sur choeurs en double épaisseur et basse loquace, Erik tout à son travail de sape sonore part en solo distordu, des grumeaux de pentatonique psyché dans les doigts, reprend en marquant bien les temps pairs de Ron pour laisser passer Doug qui attaque avec quelques notes fameuses de "Light My Fire", Lee tournoie autour du rythme, fond sur la mélodie, reprend de la hauteur à bout de quatre-cordes, Ron place quelques mornifles de fûts discrets, Erik enquille un nouveau chorus spatial, un titre fort, sans les complaisances hippies, une vraie compo à la séduction tourmentée ["Most Anything You Want"]... basse dégorgeante, Doug à pleins poumons, Erik, puni, fait le support technique à la guitare mais glisse de bien beaux accords, choeurs en contrepoint comme il se doit, Ron s'applique, c'est encore Lee qui rafle la mise mélodique en improvisations lyriques, sur une balade freak engraissée aux keyboards, Doug, larynx de canard, tape dans les aigus pour voir, changement de braquet avec choeurs évanescents en canon à potentielle dimension religieuse, toute une époque, un relent tenace d'angoisse en plus ["Flowers and Beads"]... les claviers mystiques pour l'intro dramatisée, l'explosion sur les roulements rocailleux de Ron, la basse en syncope qui se met à ramper sur les arpèges lysergiques d'Erik, toujours professionnellement scotché à la caisse claire, les décalages divins pour la basse, Doug attaque un chant tourmenté par de bien curieux mirages, les choeurs flowerpoweresques en appui, une construction d'accords complexe sous la couche psyché, la basse qui touche à tout et mouchète la mélodie de points graves, un break pour laisser le clavier de Doug diffuser sa mélancolie torturée et le riff repart, Ron d'une efficacité flamboyante sert avec humilité les gloses de Lee, choeurs divins mais comme une gêne, Erik lance des idées hard et flanque une note distordue finale insoutenable ["My Mirage"]...accords nasillards et keyboards goguenards, frissonnements de charleys, basse bondissante, la formule du papillon d'acier, légereté et lourdeur, on attaque tous ensemble en choeurs, une phrase inextricable pour passer au pont, Erik joue à Robbie Krieger avec des phrases lyriques puis un solo en son exceptionnellement clair, Doug reprend le lead vocal, Lee frôle le solo de basse permanent, le tout s'écrase dans une pause proto-"Child In Time" aux claviers apaisés avec clochettes, basse sanglotante et arpèges illuminés ["Termination"]... piétinement de pied de grosse caisse et riff pompier sinistre en clavier gueulard et guitare sirène, tonnerre de toms, une vraie intro hard, guitare distordue pour le riff et un groove heavy, Ron se lâche, bientôt ses 17 minutes de gloire, Erik riffe rageusement, le break glisse vers la pop californienne opiacée, Doug chante son amour affalé sur un tapis de choeurs complices, ça valse fort, quelques pépites de Erik, une couche supplémentaire de martèlement, un autre solo sidéré de six-cordes sur ressac rythmique, Lee et Ron osent l'évolution rythmique, tiennent le hard en respect pendant quelques poignées de secondes, Doug entonne un couplet comme improvisé, mais c'est Erik qui prend le lead en stridences psychés, interrompu par les roulements annonciateurs de Ron, distribue des riffs bluesy-jazz, un peu perdu dans une structure de compo labyrinthique mais on retombe sur le riff entêtant, allez, un autre solo déchiré avec la basse qui bondit, Ron se sent pousser des ailes, nulle trace de bonheur hippie dans tout ça ["Are You Happy"]...keyboards en ferveur chimique pour l'intro, neuf notes pour l'éternité en suspension sur une batterie comme inversée, guitare crasseuse à souhait, Doug sous acides, en graves terrorisants, balbutie un improbable jardin d'Eden, on entortille les doigts pour accéder au pont, une inquiétude sourde comme souvent, les claviers sauce ska, le riff ensorcelant comme ralenti quand joué à la gratte, la basse de Lee qui vrombit : Doug peut lancer un long solo progressif aux claviers, prend son temps, étend les textures plutôt que d'empiler les notes, trouve des sonorités solaires sur la pulsation hypnotique, balance de larges accords crémeux, la guitare wah-wah prend le relais dans des aigus sentis, évite le déluge hendrixien, reste les pieds dans la sauce Lee-Ron, quelques bulles mélodiques éclatent ça et là, Lee se promène, six-cordes en mains, dans son éden halluciné, délaisse les couinements pour un fuzz distordu et fait gémir sa guitare dans un long étranglement à la Sam Andrew, des déplacements presque chromatiques sur le manche, quelques phrases blues pour finir sur l'inextinguible battement cardiaque de ses trois potes derrière, un fade-out, Lee lâche un motif de conclusion à la basse et c'est Ron qui prend un solo tribal au pied de grosse caisse obsessionnel, fait l'inventaire de ses fûts, décélère, dialogue avec le dit pied de grosse caisse, reste arithmétique dans ses sonorités travaillées en cabine Leslie, fond des fûts otés pour un meilleur son, propose un nouveau balancement de la jungle, pointe de la baguette sur cercle de la caisse claire, pour repartir, le clavier s'éveille et revient sinueusement en son grégorien, le son monte, des notes fausses, un violon qui grince, retour du riff bientôt pleinement épanoui, légèrement évolué à la guitare, un autre roulement et la basse en son psyché, derrière pour un peu ça funke aux claviers et à la gratte psyché, Doug explore des territoires persans, un bad trip assurément cette balade édenique, on retrouve quand même le riff déjà culte et un "three! four!" lance l'ultime déflagration, les quatre se remettent dans les rangs, Doug entame une redite de sa litanie, le pont, des cris, Ron insère in extremis un beat parfait, notes rudement marquées, riff un peu malmené et claviers icariens, fin. ["In-A-Gadda-Da-Vida"]... Down: Ecrasées par le morceau-titre, les audaces du reste de l'album restent par trop méconnues...