Iron Maiden: Powerslave (1984)

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"Coming up with new material is always the most stressful thing and the biggest worry. You have standards both yours and others that you want to meet and yet you don't want to repeat yourself because what's the point of that. I think some bands do try and repeat themselves and do try and recreate the success that they had from one particular album... we don't do that, we have never tried to do that. If anything we tried to do stuff that we have never created before..." (Steve Harris)

Where: Compass Point Studios, Nassau, Bahamas

When: 3 September 1984

Who: Bruce Dickinson (vocals), Dave Murray (guitar), Adrian Smith (guitar, backing vocals), Steve Harris (bass guitar, backing vocals), Nicko McBrain (drums)

What: 1. Aces High 2. 2 Minutes To Midnight 3. Losfer Words (Big 'Orra) 4. Flash Of The Blade 5. The Duellists 6. Back In The Village 7. Powerslave 8. Rime Of The Ancient Mariner

How: Produced by Martin Birch

Up: hachures de riffs en intro puis cavalcade effrénée, Harris chevauche sa basse à cru, l'éperonne de triolets étourdissants, Spitfires et Messerschmitts tournoient et bombardent, pont sublime pour refrain impérieux ("Rolling, turning, diving, going in again / Run, live to fly"), une plage instrumentale à 1"53 pour ouvrir le passage aux soli, le premier à 2"08, lyrique et coulé, le second à 2"22, tout en harmoniques agacées, Murray puis Smith, Dickinson tente la note aiguë, atteinte dans l'extase à 3"58 ["Aces High"]... démarrage cahotant, refrain imparable, comme ralenti, Harris bavarde et cavale autour du riff de Smith, deux soli magiques, 2"45 puis, sur une rythmique qui décélère, à 3"03, McBrain nous fait le tour de ses cymbales sans forfanterie, Dickinson se lance dans d'obscures considérations eschatologiques ("As the madmen play on words and make us all dance to their song / To the tune of starving millions to make a better kind of gun"), final prolixe de Harris ["2 Minutes To Midnight"]... joyau instrumental, McBrain pilonne ses charleys, Murray et Smith tronçonnent avec application, basse rocailleuse, les deux pistoleros se font soudainement lyriques à 0"52 et, à 1"18, Birch aux manettes donc Wishbone Ash en veine, on fait la pompe, changements d'accords marqués en power-chords, pour lancer le solo, sublime, à 2"06 sur une rythmique dégringolante, encore un break à 2"31, les doigts de la main droite de Harris s'affolent sur le 4/4 consciencieux et appliqué de McBrain, un nouveau break - quoi d'autre - à 3"19, titre félin qui retombe sur ses pattes ["Losfer Words (Big 'Orra)"]... riff angusien en tapping indolent, belle entrée décalée de McBrain, Dickinson force la voix pour jouer au méchant, Harris babille et syncope, à 2"02 du néo-lyrique en tierces complémentaires et, à 2"20 du Wishbone Ash pur jus, petite symphonie étincelante à 2"58, "You'll die as you lived / In a flash of the blade / In a corner forgotten by no one" ["Flash Of The Blade"]... on frôle la redite mais que c'est bien joué, "A lunge and a feint, a parry too late / A cut to the chest and you're down / Seeing the stain then feeling the pain / Feeling the sweat on your brow", refrain pour stade évité de justesse aussi, Dickinson prend des accents plaintifs surprenants, à 1"51 retour du fantôme de Wishbone Ash et sa symphonie crépitante d'aigus, puis le solo, tragique et poignant à 2"51, un autre, à 3"38, torturé en improbables étincelles noires ["The Duellists"]... riff tourbillonnant, chant par endroits exceptionnellement détendu de Dickinson "White flags shot to ribbons / The truce in black and burned / Shellshock in the kitchen / Tables overturned", refrain imparable, passerelle lyrique propitiatoire pour solo divin à 2"30, Smith et Murray font une alliance provisoire, ça tricote, hurlements de guitare pour finir la séquence et c'est reparti pour un autre solo, vite avorté ["Back In The Village"]... riff instantanément classique, aux tonalités orientalisantes, sur basse caillouteuse, Dickinson nous emmène sur les berges du Nil ("Tell me why I had to be a Powerslave / I don't wanna die, I'm a God"), break et cavalcade sur le refrain irrésistible, re-break à 2"32 cette fois-ci des arpèges pour un solo mélancolique, Harris brode avec superbe, et on repart à 3"33 pour des soli somptueux ["Powerslave"]... le magnum opus progressif, Dickinson et Harris s'emparent de la malédiction de l'albatros sortie de la plume opiacée de Samuel Taylor Coleridge, chant épique de Dickinson, breaks originaux et complexes de McBrain et Harris, guitares qui font la pulsation, petite phrase tournoyante de Harris, scansions victoriennes impeccables de Dickinson ("Day after day, day after day / We stuck nor breath nor motion / As idle as a painted ship upon a painted ocean / Water, water everywhere and all the boards did shrink / Water, water everywhere nor any drop to drink"), la basse de Harris qui galope sur les cymbales crashantes de McBrain, un stop and go maîtrisé, impérial, à 4"11 Harris prend le lead et creuse un tunnel jusqu'à l'épuisement, rejoint par les autres à 4"35, break magnifique à 4"59 : arpèges de basse ostinato, craquements de la dunette, torpeur dissipée à 7"31 avec un riff démoniaque de Harris - combien de doigts ? -, tension dramatique insupportable, cri libérateur foudroyant à 8"38, final grandiose avec soli magnifiques et ultime break monumental à 10"42 avant la coda, compos toujours à l'identique, toujours différentes ["Rime Of The Ancient Mariner"]

Down: la structure des compositions, parfois redondante d'un titre à l'autre... le chant opératique de Dickinson, qui peut lasser, heureusement assez contenu sur l'album en question...