Joe Satriani: Surfing With The Alien (1987)

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"I don't want you to think that we thought and planned all the good stuff out, because we didn't. I didn't. I planned some of it, but mostly we followed our instinct and improvised as a matter of course. We had to. We were convinced it would be the last record anyone would ever let us make... So we went all out, and tried to be as different and unique as possible..." (Joe Satriani)

Where: Recorded at Alpha And Omega Recording and Hyde Street Studios, San Francisco, California

When: 1987

Who: Joe Satriani (guitar, bass, keyboards, percussion, drum programming), Bongo Bob Smith (drum programming, sound design, percussion), Jeff Campitelli (drums, percussion), John Cuniberti (percussion), Jeff Krueger (pre-production programming and sound design)

What: 1. Surfing With The Alien 2. Ice 9 3. Crushing Day 4. Always With Me, Always With You 5. Satch Boogie 6. Hill Of The Skull 7. Circles 8. Lords Of Karma 9. Midnight 10. Echo

How: Produced by Joe Satriani & John Cuniberti

Up: babillages radiophoniques pris dans l'aspiration du fret galactique d'un Satch surfer, riff rock zztopien supersonique, une phrase brailleuse et joviale en free-ride, de la vox wah wah, un chandler tube driver à travers un vieux Marshall couplé à un harmonizer eventide 949 en combustion pour une sonorité inédite, turbulences de zéphyr et Joe fait éclater une pluie de notes aiguës, piquantes et hystériques en tapping mediator, tournoie bientôt en tornades, s'énerve, mitraille et canonne sur basse-batterie tenues en respect, retombe souplement sur la mélodie, bascule sur un nouveau break siphonné à 2"40, passe en tapping multidigital, lâche des motifs à l'ironie beckienne, fait quelques pointes de vitesse décontractées et motivées, ride cosmique haletant pour une guitare électrique enfin remise sur le trône [''Surfing With The Alien'']... hénaurme riff sur basse métallique têtue et bondissante, guitare clinquante presque funky derrière pour soutenir un motif mélodique bien gras, Satch, marque des grands, prend son temps, installe son titre, verse à 1"19 dans un solo ondulant de derviche, branche à 1"36 un solo croustillant démentiel, tout en échardes glacées, clin d'œil au berceau félin de Vonnegut, à 1"53 un petit solo inversé hommage hendrixien, de la pyrotechnie sans une once de gratuité, tout au service de la compo, superbes phrases en surimpression finale [''Ice 9'']... rythmique thrash soigneusement sursaturée pour une petite mélodie enivrante un peu névrosée, aux accents bientôt pop, guitares doublées, triplées, la compo est posée, derrière ça bourrine sans honte, on monte dans les tours et on ose le double coup sacrilège sur la caisse claire, à 1"53 Satch, armes fourbies, commence le carnage, repart en vrilles vertigineuses sur rythmique en stop-and-go puis débonde en majesté sur retour des guitares saturées, prend un nouveau solo jouissif, presque du Miles Davis ce positionnement, joue avec la vitesse, à crû, tout en contrôle, une nouvelle envolée effrénée, subtiles teintes blues, termine sur des notes aériennes, retombe sur ses pattes, on monte la mélodie, huit guitares pour la fin, une armée pageienne [''Crushing Day'']... berceuse ensablée, arpèges impeccables, phrase poignante sur fond de paumes claquées, un slow beckien douze ans après, travail sur des sonorités folles, sensibilité éclatante qui ne craint pas la lenteur, changement d'accord éthéré, Joe, qui a tout compris, sait même se taire, n'oublie pas un passage en tapping, délicat et pudique, pour monter vers un changement de rythme enjoué sur guitares presque funky, contredit par un solo garrotté dans des cimes orientales torturées [''Always With Me, Always With You'']... après Beck et Buck Dharma, Joe se fend d'un boogie, Grand Ensemble de Gene Krupa version six-cordes, début sur charleys essouflés of course, du rock lourd virtuose en cavalcade, un nouveau "La Grange", Satch s'amuse mais fait mal, sort tout son bazar, dive-bombing, legato, sweeping, s'embourbe à dessein dans des entrelacs de graves, en ressort triomphant, aigus tirés par la gorge au bout du manche, stoppe la cavalcade à 1"49 avec solo inversé sur batterie reverb de Cuniberti, que du fun avec les doigts qui saignent quand même [''Satch Boogie'']... compo cinématographique, dramatisée, recherches sonores infinies d'un Satch lecteur de Khalil Gibran, soundtrack to the Christ crucifixion, accords grandiloquents portés sur le calvaire, cris à l'unisson, le tout enregistré en une prise, Satriani porte un univers et le fait savoir [''Hill Of The Skull'']... suite d'accords acoustiques d'une pureté audacieuse, un coup de Cyclosonic par-dessus, entrée tempétueuse de Campitelli à la - simple ? - grosse caisse trioletisante, Satch déboule sur une nouvelle rythmique boogie bedonnante, lâche la bride, flirte avec des sons de talking-box, ferraille fièvreusement, frénétiquement, une virtuosité écrasante d'humilité, tout à la gloire de la composition, coda en bruitages classieux [''Circles'']... riff entêtant et mystique, fierté de Satriani, l'aube capturée en La11e augmentée, La13sus4, 12 ans d'écriture, à nouveau du rock gourdin boogisant, toujours la puissance de la compo avant la démonstration de force, Joe lâche tout évidemment, ça fait mal, à 2"36 passage monumental avec guitares acoustiques clinquantes, retour impeccable à la mélodie, longue fin en rythmique pure, tout en assurance [''Lords Of Karma'']... pièce baroque virtuose en tapping à deux mains, écrite directement sur papier, une oreille du côté de Stanley Jordan, Joe s'enfonce dans une forêt de sonorités à pleurer, a le cœur sud-américain, signe un classique l'air de rien [''Midnight'']... le chef-d'œuvre, en 5/4, open-tuning nashvillien, basse distordue en six notes inoubliables sur arpèges sereins et impériaux, averses d'harmoniques, entrée fabuleuse de Joe, mélancolique et digne, envolée émouvante à 1"15 avec aigus à pleurer, retour au calme après montée fabuleuse du volume des micros, solo arabesque comme moment de grâce, pataugeage lacrymal dans borborygmes graves, retour à la maison, micro-phrases gorgées de blues, Satriani shredder flamboyant sorti d'un crossroads galactique [''Echo'']...

Down: allez, pour faire la fine bouche : Satriani, fauché, ne pouvait s'offrir les services d'une vraie rythmique... On se prend donc à rêver du même album avec la paire Hamm-Mover...