John Mayall: Bluesbreakers With Eric Clapton (1966)

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"I wanted a bit of everything to get some kind of thickness that would be a compilation of all the guitarists I'd heard, plus the sustain of a slide guitar. I just stumbled on the Marshall, but it was the only amp that worked. I mean, the sound of an amplified guitar in a room full of people was so hypnotic and addictive to me, that I could cross any kind of border to get on there. " (Eric Clapton)

Where: Decca's Studio 2, London

When: Juillet 1966

Who: John Mayall (vocals, organ, guitar, harmonica, piano, keyboards), Eric Clapton (guitar, vocals), John McVie (bass), Hughie Flint (drums), John Almond (saxophone, baritone sax), Dennis Healey (trumpet), Alan Skidmore (saxophone, tenor sax)

What: 1. All Your Love 2. Hideaway 3. Little Girl 4. Another Man 5. Double Crossing Time 6. What'd I Say 7. Key to Love 8. Parchman Farm 9. Have You Heard 10. Ramblin' on My Mind 11. Steppin' Out 12. It Ain't Right

How: Produced by Mike Vernon

Up: la révolution sonore : une poignée de notes sursaturées de Clapton - le plus beau riff de blues électrique ? - et le combo Gibson/Marshall inédit, plein volume, la guitare rock changée à jamais, superbes arpèges distordus à fond à 1"22, accélération sur solo croustillant, terrassant à 1"47, reprise du riff à 3"03, Rush et Dixon ont dû se pincer en entendant ça ["All Your Love"]... riff encore plus gras, orgue soul de Mayall derrière, basse rampante et nouveau riff à 0"43, Clapton sublime, lacère la rythmique de stridences supérieures (1"01), passe dans les graves (1"29), emmène tout le monde sur l'autoroute (1"43), enchaîne un autre solo écorché inouï (2"05), Freddie King dynamité de l'intérieur par un jeune blanc-bec ["Hideaway"]... Clapton - toujours, oui - habille une bluette sixties de Mayall sur une ex, McVie se fait bavard, on tente le single de toute évidence ["Little Girl"]... blues pénitencier, Mayall passe dans les graves, mastique son harmonica, on tape dans les mains derrière, un grand absent, devinez qui ["Another Man"]... ballade lente, Mayall au piano balance sur le traître Jack Bruce, Clapton ponctue de sa Gibson lourde, solo renversant à 1"15 avec sustain feedbacké divin ["Double Crossing Time"]... reprise casse-gueule réussie, Hughie Flint particulièrement en forme part en solo (1"33), Mayall tente les aigus et rate, Clapton en profite, tout juste le temps de placer un solo, cite "Day Tripper" à 3"37 l'air de rien ["What'd I Say"]... on astique les cuivres, Clapton se fait discret pendant une trop longue minute puis fuse en gerbes incandescentes ["Key to Love"]... cavalcade à l'harmonica sur les brisées de Mose Allison, Mayall halète, souffle et expulse sur une rythmique épuisante des futur Fleetwood Mac ["Parchman Farm"]... intro de sax majestueuse, slow blues explosé par Clapton, Les Paul sunburst torturée et crémeuse et solo, enfin, à 3"32, stupéfiant, inconcevable, gravé pour l'éternité : God ? oui ["Have You Heard"]... Clapton prend le micro pour la première fois, investit Robert Johnson, la Les Paul crépite puis crache des flammes ["Ramblin' on My Mind"]... blues-rock violent, encore quelques mois avant le hard, déluges de notes incendiaires, là-haut, très très haut, Clapton s'amuse à inventer toute la grammaire du blues électrique sans effort ["Steppin' Out"]... un autre harmonica forte pour Mayall, Little Walter cette fois, basse-batterie classieuse, la révolution est finie ["It Ain't Right"]...

Down: Mayall, multi-instrumentiste inspiré, mentor historique de prodiges du British Blues Boom, talent scout extraordinaire, mais cordes vocales chétives... l'oubli collectif - relatif - de la portée révolutionnaire de cet album, qui l'est autant que le Are you experienced de Jimi Hendrix ou le premier Van Halen...