Led Zeppelin: les concerts à Bath

28 juin 1969. 28 juin 1970 aussi. Et même en 1968. Et en 1971, d'ailleurs, tiens.

La conquête de l'Ouest ricain, OK. Mais, first, nos régions ont du talent, n'est-ce pas.

Bref, Led Zeppelin à Bath, une longue histoire anglaise.

16 décembre 1968. Bath, pour l'heure, c'est juste le "Pavilion" - pas de quoi en faire un festival. Le Jeff Beck Group est annoncé mais Grant, fin (si) stratège, l'éjecte sans autre forme de procès - au dernier moment. Il s'agit de se chauffer avant les States.

28 juin 1969. Welcome to the Bath Recreation Ground : 2 petites scènes contiguës, pas très élevées. Pas d’attente pour le public (30000/40000) : une scène se prépare pendant la prestation sur l'autre. Le Zep est à droite. Le Pavilion fait office de backstage.

Belle programmation, by the way. 6 mois après la sortie de son premier album, le Zep est en 4e position, derrière les têtes d'affiches Fleetwood Mac, John Mayall et Ten Years After. Certains seront contraints d'annuler, faute de temps. Page croise Roy Harper.

"Compere" (sic) John Peel en MC. "He once again proved what a tremendous asset he is to any open air event, not merely as an informed compere, but as the man who can keep vast crowds cool and control the excesses of over zealous stewards" - dixit Chris Welch.

Led Zep en mode razzia, of course. Mais le set est court : Plant, bon camarade, un peu déçu toutefois que le groupe ne puisse pas donner sa pleine mesure via les séquences solo. De "Train Kept a Rollin'" à "Communication Breakdown", 7 titres et puis s'en vont.

Une réussite. Led Zeppelin et Nice tapent dans l'œil du Record Mirror. Freddy & Wendy Bannister, les organisateurs, se félicitent : il a fait beau et chaud et tout le monde était stoned - donc aucun débordement. On rempile dans un an, un cran au-dessus encore.

28 juin 1970. Un an plus tard, tout a changé : on est à Bath & West Showground à Shepton Mallet, 15 miles au sud de Bath. 150000 fans font un triomphe au Zep qui, intronisé roi des 70s naissantes par les lecteurs du Melody Maker, fait oublier le split des Fab 4.

La cour des grands : l'affiche est gourmande, sur deux jours, avec le Floyd, Jefferson, Zappa, Santana. Beaucoup de retard aussi, unique scène oblige. Zeppelin, qui aurait refusé 200000$ pour des dates ricaines "par loyauté envers ses fans", clôt le dimanche.

20h30. Cette fois-ci, c'est la bonne : une douzaine de titres, des impros et medleys, on va chercher du Young, du Presley & du Berry, "Immigrant Song" en ouverture & paroles yaourtées, "The Boy Next Door/That's The Way", nouvelle perle acoustique du Dirigeable.

Le Zep impressionne, même la pellicule. Y a de la fringue, faut dire, col en fourrure inclus. Page, alors rarement soucieux d'élégance, tente le vrai-faux trois-pièces, avec "galurin de plouc" selon la presse anglaise. Plant, poitrine béante, attend l'angine.

Les bootlegs ? Oui, mais ne le dites pas à Peter. Audio et vidéo. Dès 1969, du 8 mm. En 1970, deux équipes de caméramen sont visibles, dont une TV probablement. On parle de six heures enregistrées. 30 secondes du Zep sont YouTubées.

Le réal en retard, le Zep en hélico loupé. Puis, trop sombre. Bref, 30 minutes captées, que du backstage. Version Grant : "I threw a bucket of water on to the videotape machine which blew the whole lot up. Whoosh! It made a horrible smell and then it melted".

La presse, traditionnellement féroce, applaudit l'événement, encadré par le Aquae Sulis Incident / Spring Music Festival fin mai (à Bath aussi) et l'Isle of Wight Festival fin août. Le Zep évite les banderilles habituelles, sa prestation globalement célébrée.

Zeppelin et Bath, ce sera encore le 13 mars 1971. Tournée "Back to the Clubs", retour aux salles modestes en attendant la sortie du Untitled. "Black Dog", "Stairway to Heaven" & "Going to California" au "Pavilion". Une autre histoire.

Bonus... silencieux