Radio Birdman: Radios Appear (1977)

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"The interesting thing about that was that it took about a year to record it, because we were only allowed to go into the studio when there weren't any paying customers. You'd get a weekend, and it takes a whole day to set the drums up anyway, So you'd spend a whole weekend setting up the drums and trying to get a guitar sound, and then run through a few takes of something and it'd be Sunday evening already. You'd be out, because there's some paying band coming in on Monday morning, and it's be two weeks or three weeks before you can get back in there again. So it's surprising that it came out as good as it did, given that it had to be recorded that way..." (Deniz Tek)

Where: Recorded at Trafalgar Studios, Annandale, New South Wales

When: 1977

Who: Rob Younger (vocals), Deniz Tek (guitar), Chris Masuak (piano, guitar), Pip Hoyle (organ, piano), Warwick Gilbert (bass), Ron Keeley (drums)

What: 1. TV Eye 2. Murder City Nights 3. Anglo Girl Desire 4. Man With Golden Helmet 5. Descent into The Maelstrom 6. Monday Morning Gunk 7. Do The Pop 8. Love Kills 9. Hand Of Law 10. New Race

How: Produced by John Sayers & Charles Fisher

Up: cri rauque et perçant de Rob, caisse claire matraquée, guitare tronçonneuse à gauche, wah-waheuse à droite, les Stooges en reprise pour s'affirmer, Rob à l'aise gueule comme un putois, Warwick en basse ronde speedée, Deniz maître de la wah-wah aqueuse, part en envolée caoutchoutée, un solo velouté qui prend de la vitesse, fait des détours sur place, persiste, exulte sur les feulements hallucinants de coyote saigné de Rob, Deniz insiste pour finir, la basse reste sur une note comprimée, on gratte les grattes, le riff se met en suspension, les six sagouins de Sidney ensemble sur une seule note, Rob aspire, succionne, éructe, Deniz balance des pains de wah-wah dérapante, on stoppe la bécane, trop tard : du fond du studio caisse claire épileptique et pied de grosse caisse concassant refont surface, ça repart, un crash final dans un feedback maison superbe, ils ont osé et réussi ["TV Eye"]... riff syncopé, comme coupé - une marque de fabrique des Birdman - évolue rapidement en riff boogie-punk, insertion basse-batterie puissante, Rob le plus grand chanteur punk après Iggy ?, derrière les soutiers balancent du Chuck Berry ensoleillé en contrepoint de la noirceur ambiante, petite respiration ingénieuse en fin de riff, ça joue aux Glimmer Twins côté six-cordes, Ron passe à tabac ses drums, Deniz le bagnard se dévoue et prend un solo wah-wah en tous points démentiel, oblique et retors, fait une pointe bienvenue, Ron et Warwick meilleure section rythmique punk après qui-vous-savez ?, un roulement colossal et c'est reparti, une agression sonore aggravée ["Murder City Nights"]... riff rompu roublard, claviers à la Manzarek en habillage, les grattes en son gras avec cordes en lames de rasoir, chœurs de dockers en soutien, Warwick cavale méchamment, les guitares rayonnent de violence, Rob, grave, menaçant ("Then you're walking down the street / You never know I'm around / But I am there and I'm watching / Everywhere you go"), Deniz charrie des riffs torrentiels, démarre un solo confiant, en rage contenue, intègre des petits riffs qui se répondent, puis part à l'assaut de la stratosphère céleste, truste les enceintes, Warwick et Rob pied au plancher sur backing vocals psychotiques, la fin sur feedback nihiliste comme il se doit ["Anglo Girl Desire"]... solo senti sur basse ronde et accompagnement en cymbales, accords de piano en attente, feeling jazzy, Rob double son chant, une inquiétude sourde, un piano lyrique sur la basse qui souffle et les riffs qui commencent à se charger, un pont superbe : grosse guitare et piano liquide, Deniz place quelques phrases, curieuse histoire de Rob ("Walks on down the street / Leather boots, leather coat / Gloves of shining leather / Sidewalks and gutters and freezing weather / Empty streets full of no one"), guitare et piano en attente comme un Gloria morrisonien, pont éthéré à nouveau, une rythmique jazzy-punk en finesse l'air de rien, des coulées de piano célestes pour le solo ambitieux, on pense à Layla, puis Chris part dans un dodécaphonisme à la "Alladin Sane" de qui-vous-savez, on a quitté le rock depuis longtemps, pourtant derrière les guitares veillent, reviennent, déflagration tardive à la six-cordes en son crunchy, sur un fond toujours jazzy, une fulgurance de quelques secondes et la basse ronde, des phrases au scalpel pour la fin, Rob s'épanche en hurlements croissants d'un gimmick vocal surréaliste, presque beefheartien, "He's the top man in the language department!!" qui tranche les rêts d'un nouveau solo éclair, du punk progressif superbe d'originalité jamais égalée ["Man With Golden Helmet"]... roulement de drums en abyme pour le starter, vite précipité, les deux guitares dégringolent en simultané, abrasive à droite, fuzzante à gauche, Warwick fait tourner une ligne de basse essentielle, chant de Rob en splendeur apocalyptique sous l'ombre d'Edgar Allan ("Took a ride on the ocean / Started swimming out / Lost sight of land / Time ran out / Arms getting heavy / Exhaustion's setting in / Waves getting bigger / Life's getting thin"), la sauce est déjà épaisse donc 49e seconde : le solo de Deniz suprême, tournoyant, derrière ça pilonne avec Ron, Rod en veut plus "Hit me!", Deniz s'exécute, un solo dans les hautes sphères en feedback muselé, tous se taisent pour un répit jazzo-punk en basse-batterie arrogantes, très loin des Sex Pistols, là, voix sépulcrale de Rob, Deniz s'ennuie donc balance un autre solo sadique en aigus indignés, la rythmique est si belle que les quatre laissent encore tourner Ron et Warwick tout seuls, Rob reprend le micro et assène un désespéré "I'm going down / Into the maelstrom", un "goin' down" qui devient insidieusement "gonna drown" horrifiant, éclatant en vrilles aliénées d'aigus de la six-cordes de Deniz, un riff qui se fait phrase, reprise, hébété, par Rob, Deniz n'en démord pas, poursuit son chorus fielleux, riffe encore un peu, pond des plans d'anthologie, part dans l'espace, verse un peu de blues, conclut en phrase criarde et feedback impérial ["Descent into The Maelstrom"]... arpèges sages, solo chantilly déchirant en feedback contrôlé, une ballade ? raté, déjà remaquillée en riff boogie-punk rouillé, lourd, qui s'accélère tout seul, se stabilise, Warwick et Ron maîtres du plaquage sonore, Rob en voix d'outre-tombe, les accords balancés comme des mandales avec backing vocals de marins pour le pont, Deniz prend le lead à la fin avec des plans à la Chuck, part en solo tant qu'il y est sur des cymbales grasses, le solo toupille et tournique, glisse vers des strangulations aiguës, "got a soul on fire!" assène Rob ["Monday Morning Gunk"]... "no! no! no!" pour poser l'ambiance, un riff imparable, saignant, dédoublé sur les enceintes, le même des deux côtés, une bastonnade pour tympans karcherisés, du punk australien for sure, le pont sur un "Do the pop" aux chœurs de surfeurs avec basse qui grogne, une dérouillée en bonne et due forme, "on your feet or on your knees" comme second clin d'œil au BOC, un refrain lyrique mais vite un solo boogie avec riff glissé fascinant en entrée et envolée romantique en plat de résistance, Warwick passe la sixième, on laisse à nouveau la place à la rythmique majestueuse, Rob rend religieusement hommage aux idoles de Detroit ("We saw the Stooges and the MC5 / Drove themselves insane alive / Nova, blow torch, A-bomb eyes / The Pop's the way, the truth and the light"), le rouleau-compresseur made in Sidney ["Do The Pop"]... accords apache, une guitare acoustique tiens, un piano passionné, Warwick et Ron en mode sensible, Deniz en petites phrases coulées à l'électrique, Rob trouve un timbre liquoreux, sous le piano, comme craquelé, des bouts de violence mal cachés, les accords s'effondrent dangereusement sur le pont blessé de Rob ("Love kills your mind / Love kills your time / Love kills the film on your eyes"), de beaux plans celés en fin de strophe, Chris prend le premier solo au piano en lorgnant vers le jeu de Nicky Hopkins, dérape vers des fourrés jazzy atonaux, Ron, pas impressionné, frappe à la gorge, Rob, toujours K.O., en chant encore plus velouté, une ambiance sonore énorme à base d'une poignée de notes ou le génie du rock, une compo si forte que Deniz se tait, belle présence de Ron aux fûts pour l'échappée finale ["Love Kills"]... c'est Warwick qui ouvre le bal avec un riff à la Peter Gunn, Ron se cale dessus en version tribale, à droite la pompe à la six-cordes, à gauche un glissé fabuleux à la Dick Dale pour une stridence finale à la Syd Barrett, ça pulse, Ron nous lit les tables de la loi ("On the third day of the seventh month / Is when we'll ride the highway / Night descends, daylight ends / And like the light we'll fly"), des accords zébrés, lacérés et déjà les soli de Deniz sur un bunker sonore, ça riffe comme du Chuck speedé, les notes acides pleuvent dans toutes les baffles, un feedback, derrière c'est beau comme du Taylor-Richards, Ron prévient "Hand of law is on us now", allez un solo, guitares zébrées tombent comme la foudre, un chorus final pressé, en giclées chaudes, les accords plaqués partout, un son énorme qui étouffe sous la stéréo ["Hand Of Law"]... encore un riff qui frôle la redite, un titre d'un futur combo mythique à base de Radio Birdman, MC5 et Stooges encore en gestation, pas de quartier, des accords superbes et Rob tout écorché, soutenu par des chœurs de bagnards en goguette, veut en découdre, le feedback menace, Deniz trouve encore des ressources pour un solo magnifique, délié, qui se vautre dans une wah-wah calorique, dégouline sur le manche, tout le monde gueule par dessus les instruments derrière, une affaire entendue ["New Race"]...

Down: Honteusement oubliés des anthologies, nos Australiens malgré ces dix pépites... Et encore l'album, présenté ici dans son listing originel, est paru depuis en full-version, including le EP Burn My Eye ("Smith and Wesson Blues", "Snake", "I-94", "Burn My Eye") et d'autres trésors ("Aloha Steve & Danno", "Non Stop Girls", "What Gives", "Hit Them Again", "You're Gonna Miss Me")...