Roy Harper: Stormcock (1971)
"Stormcock was born in 1969 as I began to stretch my wings. I'd been there a few times before, but this time I gave myself the space to go deep... and stay there. [...] Pete Jenner and I turned out a great record. Seems like a thousand years ago now. Though I very rarely listen to my own records I would definitely say that my personal highlight on the record is Jimmy Page's guitar solo on 'The Same Old Rock.' My opinion has not changed since the day he put it on there. Absolutely brilliant..." (Roy Harper) Where: Recorded at Harvest Studios, England When: 1971 Who: Roy Harper (guitar, piano, keyboards, vocals), S. Flavius Mercurius aka Jimmy Page (guitar), David Bedford (string arrangement) What: 1. Hors d'Oeuvres 2. The Same Old Rock 3. One Man Rock And Roll Band 4. Me And My Woman How: Produced by Peter Jenner Up: riff acoustique porté par une descente caverneuse de basse suivi à la trace par la voix spectrale de Roy, entre fêlure et assurance mâle, ambiance More de Pink Floyd, des accords folk plus légers ferment la marche hiératique, la voix prend de l'épaisseur, tutoye les aigus dans une ambiance presque funèbre, un équilibre splendide et rare en folk, une émotion enfin spontanée, des trémolos naturels dans la voix qui se fait filet sur des choeurs séraphiques, lointains et frêles, on parle pas de Dieu mais on sent des vélléités spirituelles, Roy semble prêt à s'éteindre puis se reprend, une folk majestueuse, loin des complaisances narcissiques de ses pairs, les choeurs tapis derrière jouent des coudes, bientôt en canon, s'engraissent, Roy retrousse les manches, un petit hammer-on du meilleur effet, huit minutes d'épiphanie, un orgue qui s'invite, les aigus himalayesques déclenchés à nouveau sur gros Hammond graveleux, la voix, presque étouffée, plonge dans des graves insondables, gémis, petite phrase d'orgue finale, un peu Leslie, amen ou presque ["Hors d'Oeuvres"]... 12 minutes lancées par des accords croisés, une accélération canal gauche et un solo humble à droite, presque rien en fait, un beat autour d'entrelacs celtiques à deux grattes et un accord libératoire avec solo rapide mineur, retour au calme, quelle intro, les graves s'unissent, entrée vocale très irlandaise, pastorale mais anxieuse, les sonorités aiguës à droite, graves à gauche, Roy un peu agressif part se ressourcer haut, une basse énorme broie soudain le tout, les guitares effrayées se taisent, repartent doucement mêlant arpèges et accords, ambiance un brin plus légère mais les grattes balancent entre le lourd et le léger, font un peu la roue, passage a cappella, retour des grattes simplement shuntées, Roy double sa voix et libère des tonalités grégoriennes, calme à nouveau et passage résigné à pleurer, les grattes se rédéploient dignement sur les voix monacales doublées de Roy, des sonorités presques percussives maintenant, les voix en canon cette fois, avec des effets, soudain une accélération côté gauche, un riff hard aspiré par les couches vocales veloutées à la Crosby, l'accélération à nouveau, frontale cette fois-ci, en riff hardos qui évolue en syncopé puis se ralentit en aigus maillés celtiques, re-riff jubilatoire doublé, décélère, et Mister Jimmy Page qui balance un solo jazzy tétanisant à la "No Quarter", sinueux, assuré, sur un balancement binaire tragique de la rythmique, soli doublés pour la fin, une vautre de gros riff acoustique et petites phrases aiguës cristallines ["The Same Old Rock"]...arpèges celtiques gras avec basse qui tremble et aigus qui sortent la tête, toujours vaguement menaçant, Roy en fragilité virile, des aigus un peu criards à la David Bowie période Hunky Dory, guitares qui bavardent en celte, des arabesques basses finales caractéristiques, Roy suit la gratte à la voix à la Jimi, presque blues, mais rappel de l'identité celte avec des descentes complexifiées de basse guettées par le solo, en fond une vibration sourde de basse, Roy et ses aigus atteints in extremis dans une fin de souffle, une splendeur, croisillons celtiques sur accords énormes qui montent et piano écrasé en feeedback sur basse diabolique ["One Man Rock And Roll Band"]... voix doublées et caressantes en timbre à la Cat Stevens sur arpèges rêveurs, les couches vocales plus grumeleuses, toujours au bord de la rupture, flirtent avec les sonorités religieuses encore avec basse toujours lugubre, arpèges aux aigus claquants, Roy en état de grâce, sa guitare rocailleuse comme un dobro en soutien, un passage mélancolique de toute beauté, des cordes baroques qui s'insèrent sur une basse lancinante derrière, s'éteignent sur une reprise de la gratte et le chant de Roy, petit break plus pêchu, Roy sort la tête de l'eau, du folk sensible et couillu, une trompette à gauche, l'envolée inoubliable sur le "me and my woman", les cuivres réduits au silence par le refrain, une note haute de clarinette tenue majestueusement, les voix se réchauffent au contact des cordes respectueuses, arabesques de voix, gros grave menaçant des cordes, puis gouttelette d'aigu au piano et les cordes baroques comme du Love, un peu de douleur blues dans la voix, déluge de cordes qui finissent dans le décor à la Melody Nelson, choc salvateur, la gratte qui attend les ordres puis lâche un riff hardos au beat irrésistible, stop sur une note en altitude, on entendrait presque un Bonham s'insérer comme pour un "Gallows Pole", échos de voix démultipliés, voix angéliques pour la fin et basculement sur break en trompettes, du prog-folk en fanfare à bout de gratte, le retour du "me and my woman", trompette qui s'enfouit et cordes tragiques à la "A Day In The Life", 13 minutes de temps suspendu... ["Me And My Woman"]... Down: Rien du tout... Allez, on met tout nos Van Morrison, Tim Buckley, Nick Drake et autres bardes à la poubelle et on écoute le grand Roy, OK ?...