Scorpions: Lovedrive (1979)

#scorpions

"When Uli was in the band, we had two different styles, the Uli/Jimi Hendrix direction and the Klaus/Rudolph direction... Ulrich was more of a solo artist and after he left the band it was up to me to compose all the songs, so everything became the same style... Matthias entered the band as a team player and formed his playing as the songs and direction dictated [...] We have always tried to include some of Ulrich's songs in the live set-list but seem to come back to the newer stuff, but maybe in the future..." (Rudolf Schenker)

Where: Recorded at Harvest Studios

When: 1979

Who: Klaus Meine (vocals), Rudolf Schenker (guitar), Michael Schenker (guitar), Matthias Jabs (guitar), Francis Buchholz (bass), Herman Rarebell (drums)

What: 1. Loving You Sunday Morning 2. Piece Of Meat 3. Always Somewhere 4. Coast To Coast 5. Can't Get Enough 6. Is There Anybody There? 7. Lovedrive 8. Holiday

How: Produced by Dieter Dierks

Up: riff comme ralenti, jouissivement poussif sur la gauche, rebond de basse américain qui se fixe sans chichis sur une ligne de basse pour stades, charleys paresseux de Herman "Ze" German, gratte qui râpe ses cordes à droite, riff gras à gauche, surprise la voix de Klaus un peu éraillée, les Teutons se sont pris la claque Van Halen et répondent, licks splendides, un peu timides, de Matthias sur la droite, quelle belle note de basse solaire, navrante de simplicité sur le refrain avec arpèges saturés à gauche, gros accords à droite et chœurs inspirés sur le fil FM, batterie Duracell bourrine et fière de l'être, un accord qui rend l'âme en saturation paresseuse, idée géniale : on fait tourner un temps de riff duel à vide avant de repartir, Klaus monte un étage à la voix, le père Rudolf riffe aux lipides, grand oublié, l'égal de Malcolm, on s'impatiente, à quand les licks de Matthias, déjà ce refrain fabuleux, le meilleur du groupe sur son meilleur titre, comme en tonalités mineures, Klaus commence l'ascension, soudain le break vocal sidérant avec un "ooh ah pa pa pa pa pa pa pa" clos par un riff grave énervé qu'on attendait pas qui donne le coup de départ d'un solo lumineux de Schenker sur une rythmique à l'économie terrassante, une autre tournée de gimmick vocal verrouillée par des arpèges saturés, retour sur le beat amerloque, un aigu dangereux de Meine, Rudolf et Matthias, débarrassés de Uli jouent à Aerosmith, Schenker repart en solo cosmique torturé, se balade dans un labyrinthe grave et disparaît dans le shunt ["Loving You Sunday Morning"] ...bruits confus de conversations, un riff speed metal rugueux à la "She's A Woman" éclate, une aspiration dans le vortex, on stabilise sur des baffes d'accord à l'originalité renouvelée, plus aigu le Meine, c'est le riff speed, mâtiné de son à la Uli d'ailleurs, qui l'emporte, la foire aux riffs avec les frères Schenker enfin réunis, une basse à la Slayer, duels de guitares et accords giflés surprenants de splendeur, des licks de Michael, de retour, au fond, Herman savoure, surtout les lyrics débiles qui ont fait déguerpir Uli, Meine accroche des aigus hardissimes pour le refrain, Michael nous fait une montée chromatique virtuose et s'assoit sur une étoile, du coup repart en solo tout de suite, un émerveillement de toutes les notes, derrière ça tape fort, très fort, une fin en riff zeppelinien, putain le sprint sous couvert de hard mélodique, des riffs géniaux de Rudolf, frappés d'efficacité et d'humilité, refrain catchy avec course de bobsleigh charnel de Michael, on fait tourner et on matraque la fin, en claquant la porte derrière soi bien sûr ["Piece Of Meat"]... les arpèges à la "Simple Man", bientôt répétés pour "Still Loving You", entrée grosse sur la patate avec reprise du lick de basse Lynyrd bien sûr, grosse batterie ricaino-pourrie satisfaite de Herman, double grosse caisse qui tâche en plus, solo stellaire pleureur sur les arpèges avec, ironie, fin en feedback cosmique hendrixien, Meine au meilleur, presque touchant, fatigué, sur la basse de Francis qui roule et gronde, breaks sur caisse claire et solo lyrique de Jabs avec des morceaux de rock dedans, derrière, des glissés solaires à la Jimi donc Uli décidément pas vraiment parti des chœurs encore réussis, bien évalués, sans insistance, sur les fins de strophes, refrain en stadium power chords, la power-ballad eighties se profile, encore un peu de patience les gars, "Holidays" avant, retour sur les arpèges avec solo fusée, direct dans l'espace, ralenti, croustillant, sudiste, en notes flûtées, beau, quoi, arpèges imperturbables, un cri du cœur de Klaus "oooh" et le solo en riffage gras saturé, tout compris les gars ["Always Somewhere"] ...ils se savent au top et osent l'instrumental lancé sur un riff mi-onctueux, mi-grumeleux en reptation, Francis nous fait le coup habituel de pains de basse roulée, Herman, grand fan de Bonham, sort l'artillerie lourde et nous montre avec fierté qu'il a absolument rien retenu du Maître, Rudolf place ses riffs comme un Pete, une belle équipée d'une côte à l'autre aux résonances épiques, un break lyrique, du prog-rock presque, pas complexe mais trouvée avec bonheur la compo, une envolée réussie et les grattes qui grattent pour retomber sur le riff entêtant, porteur d'une menace sourde dirait-on, Rudolf s'en donne à cœur joie et décale ses riffs sur le manche, une vrille ascendante du frangin Michael splendide pour passer dans une aire de repos rythmique vintage Scorpions, basse-batterie qui tourne comme dans un blues, un feedback, tout le monde se regarde en chien de faïence, riff à gauche, riff à droite, et les drums qui font le beau, puis un "ah" de Meine qui claque, solo triomphant de Michael, la rythmique se remet en place, des licks très rock et du crunchy, se fait bientôt faux riff qui se morfond et rumine dans son coin, en fait un solo dans des graves souterrains, festival de riffage final et cette dernière phrase sudiste, spontanée du prodige Michael, arraché à sa bibine ["Coast To Coast"]... direct le killer riff métal en voicing lacéré, la violence de la chose est insensée, un "aaaaaahha" de Klaus qui veut tout dire non ?, attaque d'une voix hard vintage aiguë sur un riff proto-slayeresque qui stoppe sur un riff mort, les drums qui caracolent en soutien rassurant, quelle boucherie, Meine n'a jamais été aussi hard, presque du Bo Diddley hard-punk, déjà le solo en hammer-on et vibrato abusif qui débarque sur la droite tout en échardes hendrixiennes, caquète et promène son électricité dodelinante, nous en foutent plein les oreilles avec leurs grattes zébrées Rudolf et Matthias, dans la gueule de Van Halen bien sûr, on croirait entendre douze guitares en cordes à vides, c'est déjà le deuxième solo, démentiel, Meine crie et crie encore plus fort, Jabs qui s'amuse derrière, la suée, d'où le titre ["Can't Get Enough"]... tiens une rythmique reggae à l'acoustique soutenue par un gros accord hardos, pas engageant mais déjà, derrière, Francis et Herman jouent aux frères Barrett, ridicule bien sûr mais ça fonctionne, "ahaaaaah" nous explique Meine puisant dans son dico de lyrics perso à une page, curieusement ça fonctionne ce reggae hardos, ont trouvé le bon beat, le génie de Rudolf derrière tout ça aussi, se sont fait peur avec le père Eddie nos Scorpions donc bouffent un peu à tous les râteliers, actionnent tous les bandits manchots et scrutent le résultat, voix grave de Meine agréable, un refrain bourrin et convaincu avec grosses guitares en power chords et roulements de rototoms, fricotent avec une ambiance hippie pas pour leur déplaire, soudain le solo crépitant, très Van Halen, ambiance fin de soirée, hard-lounge en écho, doublé, Matthias a trouvé illico sa place, retour du riff vocalisé de Klaus qui lance des cris croisés sur une belle pulsation acoustique power-chordisée ["Is There Anybody There?"]... un coup de caisse claire pour le retour de Michael et la basse qui galope sur un riffage industriel de Rudolf, "yeaaaaaah" hurle Klaus en variation, belle intro qui se stabilise en pulsation flambée, l'énorme riff sur la cavalcade rythmique, impressionnant le père Rudolf, ces power-chords la découverte de l'année pour les Teutons décidément, le refrain à briquets ou presque, à fond les ballons de kermesse mais géniale fin en riff hâché, comme à l'envers, riffage sévère des frangins et cris de Meine qui n'effraient personne, cette pulsation entêtante à la gratte piquée sur "Achilles Last Stand", les soli arrivent sur la droite, en tirés, jouent des coudes, quelle classe la rythmique, Michael part en exploration hendrixienne, oui, encore, accélère quand il faut, maîtrise avec une assurance éclatante, un tour de ritournelle de refrain et ce riff comme tiré d'un autre titre, fin flippante en faux solo de drums, ouf on y échappe ["Lovedrive"]... allez on essaye encore une fois le "Still Loving You", on y est presque, les arpèges mille fois entendues mais que la sincérité rend inédites, avec solo acoustique bien senti, pas cruche, ça frise de partout sur la touche, très bluesy aussi le solo, "let me take you faraway" propose Klaus d'une voix caressante, tout proches du hit les gars, chœurs travaillés, toujours choisis avec goût, curieusement, ambiance générale fatiguée, apaisée un peu comme le "Play With Fire "des Stones, la rage en moins, assemblages de voix en écho, le break, grosses grattes qui se calent au minimum pour un hard-folk très hâché, se libèrent sur un deuxième refrain artifice avec chœurs comme de bien entendu, beat presque reggae d'ailleurs, les premiers soli, un glissé acoustique médiéval, une mini power-ballade, retour aux arpèges, solo électrique lent, lent, plaintif, quelques notes rares, un peu de riff à la fin, déjà fini, ils reviendront, plus fort, plus riches ["Holiday"]

Down: L'état de grâce jamais retrouvé - manque certes les époustouflantes pyrotechnies, malheureusement trop datées pour cette année 1979, de Uli Jon Roth - avec un line-up de rêve, utopiquement assemblé le temps d'un album, et même de trois petits titres seulement, avant les eighties bavaroises...