Suicide: Suicide (1977)

#suicide

"People said that way back in the early days I was probably one of the first rappers; the reason is that I couldn't sing, so I had to talk! Lou Reed was probably the one who started it all. [...] Everybody came in to see Suicide to be entertained, and all we did was give them back the street, in all its glory, and that's what they hated us for.[...] I always said I was never gonna be an entertainer, Suicide was never supposed to be entertainment..." (Alan Vega)

Where: Recorded at Ultima Studios, Blauvelt, NY

When: 1977 Who: Alan Vega (vocals), Martin Rev (synthetizer)

What: 1. Ghost Rider 2. Rocket U.S.A. 3. Cheree 4. Johnny 5. Girl 6. Frankie Teardrop 7. Che

How: Produced by Craig Leon & Marty Thau

Up: basse-synthé vicieuse à trois notes menaçantes, drum machine percutante en pied de grosse caisse fictif speedé, ponctuations dérapées d'orgue sirène, un beat hypnotique sous les hoquètements à la Gene Vincent noyés d'échos et de reverb de Vega, punk électro balbutiant ("Baby baby he's a lookin' so cute / Ridin' around in a blue jump suit / Ghost Rider motorcycle hero / Baby, baby, baby he's a blazin' away / Like the stars, stars, stars in the universe"), cinq accords de synthé martelés sans variation, un ride sonore claustrophobique, vocals glaciaux et fantomatiques de petite frappe junkie qui se fondent dans un mix poudreux, Vega psalmodie derrière des bourrasques de bidouillages sonores ("Ghost Rider motorcycle hero / Baby, baby, baby he's screamin' the truth / America, America's killin' its youth / Hey baby he's screamin' away / America's killin' its youth"), cent cinquante quatre secondes de nihilisme synthétisé ["Ghost Rider"]... beat ralenti sur bousculade de pied de grosse caisse électronique, Vega en chuchotements Reedesques aliénés, ligne de basse grasse et robotique injectée sans relâche, l'orgue à la Doors de Martin Rev se fend de quelques petites phrases psyché scintillantes et désespérées, Vega, inquiétant, pousse des cris inhumains, glaçants, sur une basse synthétique invariable, à peine désépaissie par l'orgue rare de Rev, des machines qui grognent en fond et des bruits bidouillés : les drums capitulent sur une basse simplifiée, buggée, qui refuse de se taire ["Rocket U.S.A."]... accords d'orgue à la grandiloquence religieuse fendillée, Vega tout en sensualité froide et psychotique ("Cheree, Cheree, my comic book fantasy / My black leather lady / Shut the door baby), du Gene Vincent après l'asile ou un meurtre, une pulsation monolithique de calypso dégénéré par des drums électroniques, l'orgue de Rev entr'ouvre des échappées lumineuses trop brèves, Vega délire, est passé de l'autre côté, traque sa nana, annonce du sang et veut absolument nous raconter, derrière quatre accords sourds égrenés en mode stoned, sans variation, aiguille sonore fichée dans le cortex ["Cheree"]... retour au rockabilly psycho, ligne de basse rétro trafiquée, "Johnny" nouveau héros de Vega en voix doublées et chevauchées dans les enceintes, du steam-punk-krautrock avec une concession sur les changements d'accords vintage rock n' roll postmodernes, une grosse caisse qui assène et de faux charleys en pulsation aiguë pour des loops industriels forcément cheap, une simplicité fifties à la morbidité lynchienne, de la pop d'internés ["Johnny"]... drums en faux calypso et charleys reptiliens, un "Ghost Rider" encore ralenti, Vega veut s'éclater, pauvre fille, Veg nous gratifie de quelques ouvertures d'orgue Manzarek, Véga, félin enragé, se frotte au micro, étale sa lubricité vomitive, pousse des petits cris nauséeux, laisse tourner une sale loop de basse, jouit devant un magazine ou un cadavre, Veg, complice, responsable et coupable, revient à l'orgue, Vega geint sur un matelas de basse sans vie, une comptine de psychopathe au synthé ["Girl"]... la grosse caisse à fond les manettes en solo puis une ligne de basse binaire qui se dessine au fond, vient au premier plan, Vega laisse bien tourner les loops avant d'intervenir, une autre histoire électro-nihiliste d'un vétéran à la Taxi Driver ("Frankie Teardrop / Twenty year old Frankie / He's married he's got a kid / And he's working in a factory / He's working from seven to five / He's just trying to survive / Well, let's hear it for Frankie, Frankie Frankie"), une descente en enfer, Rev tout en boucles hypnotiques, Vega fige les baffles et poursuit ("Well Frankie can't make it / Coz things are just too hard / Frankie can't make enough money / Frankie can't buy enough food / And Frankie's getting evicted / Oh let's hear it for Frankie / Oh Frankie Frankie"), Reed et Springsteen applaudissent, la porte de sortie est encore loin, les deux nous ont déjà bien baladé, Vega continue à frapper sur les loops sclérosées de Rev ("Frankie is so desperate / He's gonna kill his wife and kids / Frankie's gonna kill his kid / Frankie picked up a gun / Pointed at the six month old in the crib / Oh Frankie") et cri terrifiant de Vega, écorché vif, saigné sur des bruits de fond incertains, découvre l'horreur ("Frankie looked at his wife / Shot her"), continue ses cris démentiels entre deux infos sur un beat sadique machinal ("Frankie put the gun to his head"), bruitages imprécis en fond pendant un long passage horrifiant, Alan et Martin, en coulisse, laissent les machines tourner en ricanant, Vega ressurgit et hurle en saturant le micro ("Frankie's dead / Frankie's lying in hell"), quelques bribes d'orgue sixties, le coup de piolet final ("We're all Frankies / We're all lying in hell"), plus de dix minutes de maelström séditieux ["Frankie Teardrop"]... quatre accords d'église lents et gras en basse bourdonnante et trépignement de fausse grosse caisse bricolée sur pulsation sablonneuse, le reste au ralenti derrière, Vega tente la douceur, voix écho, l'orgue de Rev éclate sans conviction en un accord psychédélique déplacé, effrayant, qui ne meurt pas, l'ensemble sous une cloche de basse touffue, un répit à la grosse caisse mais les basses continuent, presque du violoncelle, on est encore perdu, ajout d'un synthé grumeleux à la Chemical Brothers, Vega en vocals évanescents, perdu dans le mix, quatre accords Hammer obstinés de Rev, qui consent à une poignée de touches manzarekiennes, Vega accroché à ses "Che Che...", une fin sans explication, la meilleure ["Che"]...

Down: Bien se mettre en condition(s) avant l'écoute, hein...