The Sonics: Here Are The Sonics (1965)

#the-sonics

"If our records sound distorted, it's because they are. My Brother (Larry, guitar) was always fooling around with the amps. They were always overdriven. Or he was disconnecting the speakers and poking a hole in them with an ice pick. That's how we ended up sounding like a train wreck... [...] I mean the Sonics were savage!" (Andy Parypa)

Where: Etiquette Records Studios, Seattle

When: 1965

Who: Gerry Roslie (keyboards, vocals), Larry Parypa (guitar, vocals), Rob Lind (saxophone, vocals), Andy Parypa (bass, vocals), Bob Bennett (drums)

What: 1. The Witch 2. Do You Love Me 3. Roll Over Beethoven 4. Boss Hoss 5. Dirty Robber 6. Have Love, Will Travel 7. Psycho 8. Money 9. Walkin' the Dog 10. Night Time Is the Right Time 11. Strychnine 12. Good Golly Miss Molly 13. Keep a Knockin 14. Don't Believe in Christmas 15. Santa Claus 16. The Village Idiot

How: Produced by Buck Ornsby & Kent Morrill

Up: fracas frénétique de caisse claire de Bennett, un wall of sound garage inédit à base de sursaturation sourde, les vu-mètres à fond, riff gothique et basse en cabrioles, Roslie joue les Little Richard proto-punk, la gorge qui crache des rasoirs, "So you know the little girl / Who's new in town / Well you better watch out now / Or she'll put you down / 'Cause she's an evil chick / Say, she's the witch", solo presque accordé de Larry Parypa, clin d'œil appuyé au frère Davies à 1"34 ["The Witch"]... la soul-garage ? Bennett bastonne à mort, hurlements suraigus de Roslie, presque un répit, le tout sur un deux-pistes assurément ["Do You Love Me"]... on part chasser sur les terres du père Berry, piano bastringue comme il se doit, chœurs sixties presque ingénus, on tape dans les mains, tout ça reste sage pendant une courte minute et treize petites secondes, solo à 1"28 cauchemar terrifiant pour les ingés-sons, ça se gâte au piano sur la fin, on est proche du joyeux bordel ["Roll Over Beethoven"]... monumental Bennett qui pile et kicke son pied de grosse caisse comme un jeune Bonham, absence assumée de groove, Raw Power huit ans avant l'Iguane, solo de sax expédié ["Boss Hoss"]... intro piano, son caverneux et ouaté, Roslie ténor préhistorique, la basse de s'affole sur le solo de sax, Bennett impérial, troglodyte des baguettes, Larry Parypa nous remet un solo silex ["Dirty Robber"]... guitare seule pour un beau riff vintage, bientôt étouffée sous l'avalanche des frères Parypa et de Bennett qui rosse et assomme ses fûts, un solo de sax sursaturé incroyable à 1"06 ["Have Love, Will Travel"]... acmé du LP, Roslie a un message à faire passer ("Babe you're driving me crazy") et flirte avec de bien trop dangereux aigus, Bennett, toujours omniprésent conduit la charge, une superbe intervention de 1"36 à 1"40 pour annoncer le break, solo kinksien again à 1"01 avec moultes notes tirées "à la Dave" ["Psycho"]... un cri effroyable et, d'un coup de coude, Roslie prend le relais du grand Jerry Lee Lewis, ça cogne comme un seul homme, batterie tribale et solo avant la première minute ["Money"]... presque du Jagger, ce chant dédaigneux, goguenard et altier, backing vocals pas en place but who cares anyway, solo nerveux sur basse-batterie cotonneuse, le chanteur se lâche à la fin dans une espèce de scat garage, huit ans avant la bande de Tyler ["Walkin' the Dog"]... là c'est Fogerty qui a dû tendre l'oreille pour son Green River, ça chaloupe dangereusement, et puis le solo déchiqueté et étiré, la fuzzbox Gibson n'existe pas encore, Parypa se l'invente tranquillement tout seul ["Night Time Is the Right Time"]... intro claviers et sax prometteuse écrasée par le grondement conquérant de la rythmique, un piano au son clair, bien solitaire, émerge, cri douloureux trademark de Roslie, solo éraflé de Parypa, guess what: Bennett réduit en poudres son set ["Strychnine"]... piano honky-tonk, derrière que faire sinon taper et labourer, qui stoppera Bennett ? ["Good Golly Miss Molly"]... sur les brisées de Little Richard, encore quelques années avant le "Rock n' Roll" zeppelinien, ça va très très vite, le sax déboule avec un solo au bout de 25 malheureuses secondes, les cordes vocales de Roslie reposent sur la console de mixage, sanglantes et fumantes ["Keep a Knockin"]...

Down: les "Christmas bonus", sur la réédition CD ("Don't Believe in Christmas", "Santa Claus" et "The Village Idiot"), certes bien ravagés, avec beuglements proto-punk historiques, mais dispensables...