Eric Clapton: There's One In Every Crowd

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Touchant Clapton dont les récents mémoires, outre qu'ils révèlent un don d'écrivain insoupçonné (secondé ?) chez notre Dieu torturé, jettent une lumière crue sur le quotidien d'une rock star... Si on y retrouve les traditionnels excès rock n' rollesques, seuls contrefeux à l'insondable ennui des tournées et de la rock n' roll life en général, on y approche enfin une petite vérité du quotidien d'une idole, torturée à souhait, et traînant en pyjama, ivre mort, des mois durant chez lui pendant que ses fans attendent le prochain album... Par pudeur, on ne s'attachera aujourd'hui qu'à quelques-unes des frasques d'Eric, tranches de vie presque absurdes rapportées par God himself derrière lesquelles s'abritaient un guitariste prodige bien désespéré... Mais, haut les cœurs, Clapton va mieux et le dit, et, mort de honte, s'amuse aujourd'hui de certaine cascade effectuée, épée de samouraï à la ceinture, sur le balcon d'un hôtel, de son audacieuse pause-pipi à la Maison Blanche et de sa propension à s'attirer les nanas les plus barrées du circuit, astrologue comprise...

On commence à l'automne 1977 : Eric, de retour d'une tournée japonaise, fait une halte à Honolulu pour une série de concerts et, naturellement, s'ennuie ferme... Flirtant sans discontinuer avec un coma éthylique sidérant depuis le début des années 1970 et pour quelques années encore, Eric décide donc de mettre une petite ambiance perso dans l'hôtel où lui et son groupe étaient descendus... Pas vraiment adepte du jet de téléviseur par la fenêtre, il choisit consciencieusement son propre batteur Jamie Holdaker comme compagnon de jeu... Avisant que l'infortuné Holdaker s'était dégoté, comme il se doit, une nana pour la nuit, notre imbibé guitariste, pas vraiment dans sa meilleure période, entreprend ainsi de gâcher la fête à sa façon : armé d'un sabre traditionnel de samouraï - remember Bonham et Cole? - dont il avoue qu'il est surtout un souvenir d'une boutique à touristes, en bas de pyjama, torse nu et l'épée fourrée en travers, Eric se lance ainsi à l'assaut du balcon de l'hôtel, trente étages au-dessus du vide, contournant on ne sait comment la séparation protubérante entre les balcons et arrive bientôt à son but : la chambre de Holdaker, dont il enjambe l'appui de fenêtre... Le bide est total : la poulette de Holdaker flippe grave en voyant cette apparition, Holdaker trouve pas ça marrant - mais alors pas du tout - et Clapton, éternel gamin, comprend pas trop pourquoi personne ne se marre... Quelques coups tambourinés à la porte le dégrisent illico ou presque : alertés par des passants qui l'avaient pris pour un monte-en-l'air vaguement assassin, les flics ouvrent la porte et mettent en joue le trio... Il fallut, on s'en doute, parlementer fin pour tout expliquer...

Vingt ans plus tard, rangé des bagnoles, Clapton n'en avait pas fini avec son rôle de cible vivante : invité, juste avant Noël 1998, à jouer à la Maison Blanche devant les Clinton dans le cadre du trentième anniversaire des Special Olympics, aux côtés de Tracy Chapman, Jon Bon Jovi, Sheryl Crow avec Whoopi Goldberg en Maître(sse) de Cérémonie, Clapton attend son tour, dans l'immense tente installée sur la pelouse... Une furieuse envie de pisser le prend, mais se sentant pas de braver à nouveau le tortueux cordon de sécurité qui permet d'aller et venir entre la tente et la Maison Blanche, le guitariste avise un pan de la tente qu'il soulève pour s'éclipser... Braguette descendue, se soulageant dans la nuit noire sur la pelouse présidentielle, Clapton se glace en entendant un testostéroneux "Don't move!!!" yankee en diable... Un, disons, membre des SWAT, tenue de camouflage et M16 à la main, pointe son gun sur le tremblant guitariste qui, là encore, dut s'expliquer un peu piteusement...

Mais tout ceci n'est rien, ou presque, à côté des complications que s'attire immanquablement Clapton avec les femmes, depuis la plus tendre enfance d'ailleurs comme il l'explique avec classe mais ça, on vous laisse lire... Notre Eric, abonné aux nanas gentiment barrées, de sa Francesca à Carla, son éternelle Patti "Layla" Boyd mise à part bien sûr, se coltina ainsi un temps une folle qui, persuadée que Clapton lui avait volé toutes ses chansons par l'opération du Saint-Esprit, le poursuivit un peu partout sur le globe et même devant la grille de Hurtwood, la fameuse maison d'Eric... Jusqu'au jour où, assistant à un concert du guitariste, elle fut fouillée et qu'on trouva un flingue - découverte qui mit fin à la blague et terrorisa une bonne fois pour toutes le guitariste qui s'attacha dès lors les services d'un garde du corps...

Plus insidieuse, l'affaire dite "de l'astrologue", en 1987, ne fit rien pour apaiser la paranoïa de Clapton à l'endroit d'un sexe, en l'espèce et en général, pas vraiment faible... L'"astrologue" en question, notablement sans thèse sorbonnarde à l'appui ni entregent de call-girl républicaine, prit contact un beau jour avec le guitariste, alors au plus bas comme à peu près chaque jour entre 1969 et 1993, en lui téléphonant, à la grande surprise du guitariste, un peu agacé de cette intrusion inexpliquée dans sa vie privée... La foldingue n'y alla pas de main-morte, fort accent européen à l'appui, en annonçant à un Clapton se morfondant sur sa Patti envolée qu'elle comprenait tous ses problèmes relationnels et matrimoniaux et qu'en plus, jour de chance, elle pouvait l'aider à les résoudre... La réaction de Clapton, éberlué mais donnant suite à la sollicitation de la maraboute sous le prétexte qu'il n'avait rien à perdre, en dit long sur le désespoir du guitariste... La devine ne se le fit d'ailleurs pas dire deux fois et s'accrocha au guitariste, lui téléphonant plusieurs fois, en lui donnant des conseils pour faire revenir Patti aussi avisés que prendre un bain avec des herbes spéciales, recueillir le sang de son doigt pour le déposer sur une croix portant mention des deux prénoms des ex-amoureux ou lire des incantations à minuit...

Toutes choses que, aussi inouï que cela puisse paraître même à l'intéressé aujourd'hui, Clapton fit... Entièrement sous la coupe de cette curieuse nana, qu'il parvient même à trouver sympathique, Eric accepte de la rencontrer quand celle-ci lui annonce que, au vu des échecs des précédentes interventions, il était temps de passer à un autre niveau en travaillant de visu... Et que fit Clapton ? Il se déplaça - oui God lui-même - à New York pour voir sa tarée... Il savait, nous dit-il, que c'était de la folie mais, encore une fois, n'ayant rien à perdre... Rock n' roll attitude, en un sens, mais à l'arrivée c'est une rousse obèse qui l'attendait et qui lui fit annonça la recette miracle : faire l'amour à une vierge... Pas tout à fait dans l'espace, et toujours très pratique, Eric lui fit quand même part de ses doutes concernant l'existence d'une vierge, qui plus est consentante, à New York... Ce à quoi la nana répondit fort charitablement que, coup de chance, il se trouvait qu'elle même était tout à fait immaculée... Et que fit Clapton (bis) ? Ivre mort, comme toujours, désespéré aussi, il s'acquitta misérablement de sa tâche et repartit honteux...

La surprise (?) ne manqua pas, quelques temps plus tard... Un coup de fil de sa grosse rouquine en pleurs qui lui apprend qu'elle va être mise à la rue... A-t-elle alors précisé être enceinte ? Clapton avoue ne plus s'en souvenir mais fit en tout cas l'erreur de lui envoyer de l'argent... À partir de là, et pour un petit paquet d'années, Clapton eut la vie vraiment dure et paya bien cher ses conneries éthyliques... Dans la presse tabloid, au printemps 1988, des photos de l'engrossée se firent jour, accolées comme il se doit au nom de l'infâme Clapton... Fort heureusement, une nana qui apparemment bossait avec l'arnaqueuse dégonfla littéralement la baudruche et révéla qu'en fait de grossesse, c'étaient des coussins qui donnaient cette silhouette à l'astrologue... L'affaire se tassa un peu, non sans que la réputation d'Eric, rock loser préféré de la presse, en pâtit encore un peu et Clapton apprit douloureusement que la nana avait déjà tenté la chose avec d'autres fameux musiciens par le passé mais que seul lui avait donné dans le panneau directos... Une fois de plus sonné par le destin - certes aiguillonné par un éthylisme catastrophique - , juste après sa deuxième rehab qui plus est, Clapton revit par hasard sa frappadingue dans la rue où elle lui cria que, jamais, mais alors jamais, il ne lui échapperait... Clapton la retrouva à New York, aux bras d'un pote musicien dont il ne veut pas révéler le nom et qu'il se garda bien de prévenir, au vu du bonheur rayonnant de la victime qui semblait bien lucidement consentante...