Heard It On The X #4

#tom-waits #stevie-ray-vaughan #david-bowie #eric-clapton #jeff-beck #led-zeppelin

Et de quatre, back avec nos short stories rock n' rollesques, avec au menu du jour, les tatouages alimentaires fabulés de Tom Waits, le coup de poker raté du manager de Stevie Ray Vaughan période Bowie et, enfin, la lumière sur les prestations de MM. Clapton, Beck et Page, réunis pour la première fois sur une même scène, au concert ARMS en 1983...

Ouane/ Tom Waits n'aime rien tant, ses fans le savent, qu'à embobiner les journalistes avec d'improbables histoires aussi convaincantes qu'un solo de C.C. DeVille à jeun... Une des plus fameuses d'entre elles veut ainsi que le chanteur ait, entre autres tatouages, celui... d'un menu de restaurant... On y croit pas une seconde évidemment mais Waits assure que, ayant bossé dans sa jeunesse à San Diego au "Napoleone's Pizza House", et possédant par ailleurs déjà un tatouage de Easter Island dans le dos, il eut l'idée de se faire tatouer le menu complet de la pizzeria sur le ventre pour pallier à la disparition des vrais menus... Waits ne précise pas comment il gérait le menu du jour ou les changements de prix mais, fier de sa trouvaille, indique qu'il lui suffisait alors de se présenter devant les clients et de relever son T-Shirt pour leur donner accès à l'ensemble des plats...

Tou/ Que sait-on vraiment de l'association presque nature du flamboyant fenderophile Stevie Ray Vaughan et du grand David Bowie ? Quelques parties de guitares et soli étincelants sur le trop vite sous-estimé Let's Dance et basta... La rencontre, si on en croit Bowie, fut pourtant beaucoup plus qu'une simple passade commerciale... Présenté au Thin White Duke en 1982 par Claude Nobs, l'organisateur du famous Festival of Montreux, Stevie était encore un gratteux texan mal dégrossi mais déjà sidérant de feeling et de technicité, dans un idiome blues alors plus vraiment en vogue... Bowie, lui, était le paria de l'époque, sa trilogie berlinoise et son pourtant superbe Scary Monsters ayant, au mieux, reçu un accueil critique poli - les ventes, quant à elles, étaient en deçà des attentes... Tant et si bien que c'est un Bowie tout gêné aux entournures qui - au terme d'une soirée bien arrosée où les deux gars se découvrirent une passion commune pour rien moins que Albert King, Howlin' Wolf, Big Bill Broonzy, John Lee Hooker, Louis Jordan, Graham Bond, John Mayall, Alexis Korner, Robert Fripp, Pete Townshend mais aussi des artistes plus obscurs comme Red Prysock, John Renborn et Davy Graham - demanda l'air de rien au Texan si, des fois, comme ça, il accepterait pas de jouer sur son album et, cerise sur le gâteau, de l'accompagner en tournée... Pas compliqué, Stevie répondit : "Hell, yeah, I tour real good"... Un conte de fées qui s'arrêta net en pleine tournée avec un joli coup de pute du manager de Stevie, à l'insu de ce dernier : obtenant de Bowie, alors en conférence de presse en Belgique, que Stevie fasse un break solo de quelques dates en Allemagne, le véreux imprésario joua la carte du chantage, renégociant une demi-heure avant de s'embarquer dans l'avion de tournée le cachet de son poulain - en ayant soin de ne pas proposer la chose directement à Bowie, bien sûr... L'aventure s'arrêta là, au grand regret des deux hommes et c'est Earl Slick qui fut dépêché sur la date suivante de la tournée : il avait appris toutes les parties de guitare du show dans l'avion... Et pour les nostalgiques, il existe un bootleg soundboard de répétition de concert avec Stevie, daté du 27 avril 1983, 31 titres à Dallas, of course...

Sri/ On se souvient peut-être du ARMS Charity Concert, ce concert caritatif donné au Royal Albert Hall (puis aux Etats-Unis) en septembre 1983 au profit de l'"Action into Research for Multiple Sclerosis" (d'où le nom, si vous suivez bien...), sous l'impulsion de l'ex-bassiste des Small Faces, Ronnie Lane, qui souffrait justement de sclérose en plaques... Non seulement l'événément réunit la crème du rock anglais, Eric Clapton, Jeff Beck, Jimmy Page, Steve Winwood, Bill Wyman, et Charlie Watts, mais, fait notable, il fut d'excellente qualité, la prestation des trois fameux guitaristes étant particulièrement spectaculaire : Clapton envoya des soli à couper le souffle, Beck, désigné caution artistique de l'événement, s'embarqua dans sa pyrotechnie virtuose habituelle et Page, fraîchement revenu de l'enfer mais bien englué encore, balança à l'audience une version instrumentale de "Stairway To Heaven", gros pains habituels compris... Impossible - et stupide - d'essayer de départager les trois (deux ?) dans cette prestation qu'on vous laisse mater (une vidéo existe) mais tordons le coup tout de même à une vieille rumeur qui tient du quiproquo : à la fin de la prestation à Dallas, très jazz-rock et essentiellement instrumentale du grand Jeff, le public le gratifia d'une standing ovation en bonne et due forme, certes méritée mais pas plus que pour Clapton qui le précédait et un peu curieuse finalement pour un set très jazzy et un tantinet exigeant... La réaction du public fut rapportée par un reporter local et Beck en fut tout content, on l'imagine... En fait, sans rien retirer au grand Jeff, l'enthousiasme du public avait une raison très simple et peut-être plus cohérente : à la fin de son set, les écrans situés de chaque côté de la scène montraient Jimmy Page en coulisses, s'apprêtant à monter sur scène...