Public Image Limited: This Is What You Want... This Is What You Get

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"The king is gone but he's not forgotten / This is the story of a Johnny Rotten..." clamait Neil Young en 1979 dans son fameux "My My, Hey Hey (Out Of The Blue)"... Moins touchés que le Loner par la personnalité du chanteur des Sex Pistols, des intégristes crurent bon pour leur part de distribuer lors de la dernière tournée des Sex pistols un tract assassin, pétri de bienveillance religieuse, rappelant aux ouailles égarées qu'"Il y a un Johnny Rotten en chacun de nous et [qu']il ne doit pas être libéré. Il doit être crucifié." Tout ça pour dire quoi ? Euh, qu'on ne va pas vous parler de Johnny Rotten mais de John Lydon...

Cible systématique des crachats du public joueur et chafouin des concerts des Pistols, le teigneux John Lydon a connu, on le sait sans doute, une espèce de gloire post-Pistols avec son mésestimé groupe Public Image Limited, formé en 1978... Débarrassé de l'encombrante légende pistolesque, Lydon put enfin laisser libre cours à ce qui serait peut-être excessif d'appeler du talent et que donc, faute de mieux, on appelera sa vision du métier...

Lydon, c'est aussi une dette et des relations péri-oedipiennes complexes avec son ex-manager, l'infamous et manipulateur Malcolm McLaren qui orchestra l'aventure des Sex Pistols de bout en bout... Les deux hommes se détestaient même pas cordialement mais Lydon retint la leçon de McLaren : crée ton propre buzz et le public te le rendra. C'est ainsi qu'on put voir en avril 1976 au Nashville, lors d'un concert des Sex Pistols qui menaçait furieusement d'être quelconque, la future star de la mode Vivienne Westwood gifler une fille sur les conseils, dit-on, de McLaren et faire gagner au groupe un article enthousiaste du New Musical Express le lendemain...

De cette technique plus ancienne que le marketing même et où Greil Marcus, jamais à court d'analogies fumeuses, voit une filiation avec le dadaïsme et le situationnisme, Lydon appliqua consciencieusement les principes en solo et notamment un certain 25 juillet 1981 à l'occasion d'un concert new-yorkais de PIL au Ritz en remplacement de... Bow Wow Wow. Se présentant sur scène comme de bien entendu sans préparation ni répétitions - avec le renfort notable du batteur Sam Ulamo, musicien de jazz de 60 ans recruté quelques heures avant le concert - le groupe, caché derrière un écran de projection, improvisa du début à la fin tandis que des bouts d'enregistrements de son dernier disque étaient diffusés simultanément par la sono...

Satisfait de cette prestation qui rendait enfin hommage aux bienfaits trop souvent tus de l'improvisation, Lydon harangua son public interloqué à la fin du concert : "You're what I call a passive audience !!!" ce qui déclencha un lancer collégial de bouteilles et de chaises que le guitariste se risqua à commenter : "You're not throwing enouuugh !!!". La suite, prévisible mais assez mal vécue au Ritz, fut naturellement une baston générale, des blessés sérieux et beaucoup, beaucoup de dommages matériels... Menacé de lynchage, Lydon fut évacué non sans avoir offert un court rappel de son cru à la foule furieuse : "New Yooooooork, New Yooooork, it's a helluuuuva towwwn !!!"...

Et puis avant ça, il y eut la promotion du second album de PIL, Metal Box, dans l'émission "American Bandstand" animé par le Michel Drucker local, Dick Clark... Mais là, on vous laisse regarder - neuf minutes de glande gainsbourro-british que, pas chien, Clark citera des années plus tard comme "un des dix meilleurs épisodes d'"American Bandstand"de tous les temps" et qui reste, sinon un morceau de bravoure post-punk, en tout cas une belle leçon de marketing...