Heard It On The X #20

#elvis-costello #the-j.-geils-band #the-beatles

Allez, aujourd'hui, retour de nos short stories rock 'n' rollesques, formule unique, menu à trois plats, sans chichis, comme d'hab : un peu d'Elvis - Costello, for a change - et de certaine groupie fameuse, du revival universitaire avec Peter Wolf et un fameux cinéaste en co-chambriers improbables et du Lennon, en apologue d'un Do-It-presque-Yourself paléo-punk...

Ouane/ On s'était déjà penché sur le cas Bebe Buell, groupie avant-gardiste à qui l'on doit, ne manque-t-elle pas de le rappeler en tout cas, les premières collusions charnelles entre rock et mannequinat... Au tableau de chasse surchargé de l'accueillante poupée rock figurait, on se le rappelle peut-être, le binoclard Costello qui fut rien moins que le Grand Amour de la belle, ou l'inverse, ou les deux peut-être, à la faveur de relations passionnées et hoquetantes étalées entre 1978 et 1985... Très pro, Miss Buell, qui se rêve souvent en première muse du rock, mit, en l'espèce, un point d'honneur à souligner l'influence qu'elle a eu sur le petit Elvis - si celui-ci lui concède que certains de ses titres, comme celui, délicieux, de l'album Blood & Chocolate, sont effectivement redevables à sa poule (les barres chocolatées étaient effectivement un remède de grand-mère prisé par Bebe pour calmer ses douleurs menstruelles), il a quand même remis vicieusement les pendules à l'heure par livret de réédition de CD interposé (celui de Armed Forces), en traitant tout simplement la belle, qui avait de plus en plus tendance à s'approprier toute la discographie de Costello (y compris celle des années précédant leur rencontre...), d'affabulatrice et de gentille mythomane... Sordides déchirures publiques ? L'acidité de Costello est peut-être à chercher du côté d'un événement traumatique, l'avortement de Buell quelques années avant...

Tou/ Table de dissection, machine à coudre, parapluie et tout le tremblement : la rencontre entre Peter Wolf, chanteur pêchu, roi du rock rap, scat et jive, du J. Geils Band, et de David Lynch, qu'on ne va quand même pas s'emmerder à présenter, est effectivement des plus fortuite - mais avérée... Il faut naturellement remonter aux seventies pour retrouver les deux pas vraiment comparses comme co-chambriers au School of Museum of Fine Arts in Boston... C'est Lynch qui, tombant sur Wolf devant le tableau d'affichage des disponibilités de colocations universitaires, lui propose de partager sa chambre, pas très reluisante - passé par des chambres sordides dans le Bronx et quelques YMCA, le jeune Peter ne se fait pas prier et hérite du lit du haut, David disposant d'un lit superposé, plutôt remarqué dans cette fac... Wolf l'en remercia en le faisant tourner chèvre, passant du Thelonius Monk à fond toute la journée, et, les deux étudiants peintres amateurs, en discutant âprement théories picturales jusqu'au bout de la nuit... Certains s'emploient aujourd'hui encore à identifier les influences croisées de l'œuvre de l'un dans l'œuvre de l'autre, et inversement... Nous, pas.

Sri/ Le prétendant au titre de rock à la mise sur le marché la plus rapide du monde ? "Instant Karma" de John Lennon... "I wrote it for breakfast, recorded it for lunch, and we're putting it out for dinner", résume, un peu bravache, notre paléo-punk préféré dans une formule fameuse... En dix jours - grosso modo, hein, les estimations varient avec la légende - le titre fut composé, enregistré - aux studios Abbey Road bien sûr - avec Phil Spector et ses grosses pattes chantilly aux consoles, Harrison, débauché, à la gratte (la dimension baba du titre, plus que le projet, à n'en pas douter), Yoko aux, disons, chœurs, et ce curieux Plastic Ono Band , renforcé des habituels traîne-studio, en soutien, et posé dans les bacs des disquaires, le 6 février 1970... Tout ça, sans MP3, les enfants...